jeudi 6 octobre 2011

Produits trop sucrés en Outre-mer: le gouvernement refuse la proposition PS

PARIS - La proposition socialiste d'interdire au 1er janvier 2013 la vente en Outre-mer de produits alimentaires plus sucrés que ceux de marque similaire en métropole a suscité jeudi à l'Assemblée nationale l'opposition du gouvernement et a divisé les élus ultramarins.



Ce texte, débattu jeudi mais qui sera soumis au vote mardi prochain, avait cependant été accepté le 28 septembre par la commission des Affaires sociales de l'Assemblée, dont les membres UMP s'étaient partagés entre votes favorables et abstentions. Depuis la réunion de la commission, le groupe UMP s'est prononcé contre la proposition.

L'objectif de cette mesure, défendue par le député PS Victorin Lurel, président du conseil régional de Guadeloupe, est de lutter contre l'obésité qui touche 25% des enfants en Guadeloupe et Martinique, contre 18% en métropole, selon une étude du cardiologue André Atallah.

Pour les produits qui ne sont vendus qu'Outre-mer, la proposition prévoit qu'un arrêté ministériel fixe une teneur maximale en sucre.

Tout en reconnaissant que des facteurs sociaux et culturels expliquent en partie cette différence, Victorin Lurel met aussi en cause les pratiques de l'industrie agro-alimentaire, en citant notamment l'exemple d'un même yaourt, qui contient 20 grammes de glucides dans sa région contre 15,8 en métropole.

Le ministre de la Santé, Xavier Bertrand, a estimé que si le texte de M. Lurel mettait en relief un vrai problème de santé publique et reposait sur un bon diagnostic, la faisabilité de la mesure proposée était improbable et son efficacité discutable. Il a jugé plus efficace de demander des engagements concrets aux fabricants.

M. Bertrand a souligné que les interdictions proposées ne concerneraient pas les produits importés, alors que les Antilles sont dans la zone commerciale de l'Amérique du nord. Selon lui, les consommateurs se tourneraient alors vers les produits américains plus sucrés.

Ce dernier point a divisé les élus ultramarins, qui constituaient la moitié de la dizaine de députés présents dans l'hémicycle, mais, selon une ligne de clivage paradoxale, certains élus de gauche et de droite se retrouvant parfois à front renversé.

Une députée apparentée socialiste de Guadeloupe, Jeanny Marc, s'est ainsi faite l'écho de l'inquiétude suscitée par la proposition de loi car elle excluerait les produits importés. A l'inverse, sa collègue UMP, également de Guadeloupe, Gabrielle Louis-Carabin, qui votera le texte, a rétorqué que les Antillais consommaient des produits hexagonaux et locaux et non importés.

Edwige Antier, députée UMP et pédiatre, a aussi défendu le texte, qui contient un amendement voté à son initiative et prévoyant, en métropole comme en Outre-mer, d'apposer un logo Alimentation infantile aux produits bien adaptés à l'alimentation des enfants de moins de trois ans.


(©AFP / 06 octobre 2011 20h18) 


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