samedi 8 octobre 2011

L'Europe laissera-t-elle ses pauvres avoir faim ?

samedi 08.10.2011, 05:25ANNE-SOPHIE HACHE

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| SOLIDARITÉ |
L'aide alimentaire européenne distribuée aux plus démunis est menacée suite à un désaccord entre les pays européens. Elle pourrait être réduite de plus de 70 %.
> De quoi parle-t-on ?
Du programme européen d'aide aux plus démunis (PEAD), une aide alimentaire destinée aux Européens les plus pauvres. Le PEAD fonctionne sur le budget de la Politique agricole commune (PAC). De moins de 100 millions d'euros à sa création en 1987, son budget, renouvelé chaque année, a été porté depuis 2005 à près de 500 millions d'euros.
> Comment fonctionne cette aide ?
L'idée de départ est simple : utiliser les stocks de denrées agricoles en surplus en Europe, directement ou après un troc contre des produits plus élaborés (farine, pâtes etc.), pour les distribuer, via les associations humanitaires de chaque pays, aux plus démunis. Au fil des ans, les stocks ont considérablement diminué suite à une meilleure régulation des marchés agricoles. Pour pallier cette baisse, l'Europe a progressivement complété le dispositif par des achats de produits alimentaires sur les marchés agricoles avec les fonds de la Politique agricole commune (PAC).
> Qui en bénéficie ?
L'aide est répartie entre les pays au prorata du nombre de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté. En 2011, 13 millions d'Européens bénéficient de cette aide. La participation des pays au programme n'est pas obligatoire : 19 pays sur les 27 y souscrivent.
> Pourquoi est-elle remise en cause ?
L'Allemagne (qui, par ailleurs, ne souscrit pas au programme) a déposé un recours devant la Courde justice de l'Union européenne au motif que l'aide, de moins en moins liée aux stocks, n'était pas légale. La Cour européenne a tranché dans ce sens en avril : l'aide devra se limiter majoritairement aux stocks et ne pourra plus être complétée par l'achat de produits agricoles. Résultat : elle risque, les deux prochaines années, d'être amputée de 76 %. À plus longue échéance, sa pérennité sera discutée en 2013 quand seront décidées les nouvelles orientations budgétaires de l'Europe.
> Quelle est la prochaine échéance ?
Le 20 octobre, le ministre français de l'Agriculture, Bruno Lemaire, défendra la poursuite de l'aide alimentaire devant ses homologues européens lors d'un conseil des ministres européens de l'agriculture. Sur les 27, six pays - l'Allemagne, la Suède, le Danemark, le Royaume Uni, la République tchèque, les Pays Bas - s'opposent à la poursuite de cette aide et empêchent de trouver un accord.