vendredi 11 novembre 2011

L'Europe sur le point d'abandonner ses pauvres


Les Banques alimentaires, la Croix Rouge, les Restos du Cœur et le Secours populaire. Quatre associations qui luttent au quotidien pour aider ceux qui ont faim, et qui distribuent tous les hivers des centaines de millions de repas. Quatre associations qui bénéficient du PEAD, le plan européen d'aide aux plus démunis. Un programme qui pourrait bien s'arrêter lundi prochain, alors que les citoyens européens n'ont jamais autant souffert de la crise.

Un quart à un tiers de repas en moins

La création du PEAD remonte à 1987. Un an plus tôt, Coluche et Jacques Delors, alors président de la commission européenne, se rendent devant le parlement européen pour leur demander d'ouvrir les stocks de nourriture que constitue l'Europe pour réguler les prix agricoles. Et ils seront entendus. Jusqu'à cet automne 2011.
Malgré plusieurs réunions, les ministres européens de l'Agriculture ne parviennent pas à s'entendre sur la poursuite de ce plan. Six pays font blocage : l'Allemagne, le Royaume-Uni, la République Tchèque, la Suède, le Danemark et les Pays-Bas. Six pays qui cherchent à faire des économies sur le dos des plus pauvres.
La réunion de la dernière chance se déroulera lundi 14 novembre. Soit les 27 s'entendent, soit le programme d'aide alimentaire est arrêté. Pour les Restos du Cœur, c'est 23 % du budget alimentaire qui disparaît, soit 20 millions de repas en moins. Pour les Banques alimentaires, le chiffre grimpe à 33 %. « On devra donner moins à nos associations partenaires, et celles qui n'ont pas les moyens de compenser vont mettre la clé sous la porte. Les enjeux politico-financiers nous dépassent ». En Pologne, c'est carrément 80 % de l'aide alimentaire qui dépend de l'Europe.
Dans un tract il y a quelques jours, les Restos osaient la comparaison : « 106 milliards d'€ pour recapitaliser les banques, 100 milliards de prêt pour la Grèce, 1 000 milliards pour le fonds de soutien. Ne reste-t-il pas 500 millions d'€ pour sauver les pauvres d'Europe ? ».