samedi 6 août 2011

Les points chauds de la crise alimentaire

Contre-courant - Écrit par La rédaction - Jeudi, 04 Août 2011 16:29   



Oxfam publie une carte interactive des « points chauds pour l’insécurité alimentaire » dans le monde. Manière de rappeler à la communauté internationale son devoir d'action. Mais les priorités divergent, comme l'illustre la question des agrocarburants.


Au-delà de la famine en Somalie, qui menace des millions de personnes, le nombre de ceux qui n'ont pas assez à manger dans le monde « pourrait rapidement dépasser le milliard », rappelle l'ONG Oxfam. La carte interactive qu'elle vient de publier entend donner une « vision globale de la crise alimentaire mondiale ». Elle pointe les pays les plus touchés par la malnutrition, mais aussi ceux où la flambée des prix est « à l’origine d’instabilité et de violences ». Et analyse pour chacun d'eux - assez sommairement - la situation, les causes et les conséquences:

C'est aussi l'occasion pour Ofam de relancer sa campagne "Cultivons" à destination du G20. Une pétition circule pour pousser les grandes économies à adopter des mesures alors que l'envolée des prix « risque encore d’empirer à l’avenir ».
Lutter contre la volatilité des prix alimentaires, c'est déjà l'une des priorités affichées par la présidence française du G20. Un sommet des ministres de l'agriculture a débouché sur un « plan d'action sur la volatilité des prix alimentaires et de l'agriculture » le 23 juin. Un plan très largement insuffisant aux yeux d'Oxfam, qui l'avait alors qualifié de « cataplasme sur une jambe de bois ».

L'impact et l'impasse des agrocarburants

Un plan éloigné, également, des préconisations publiées en juillet par la FAO, l'organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (et relevées le 3 août par LeMonde.fr). Dans ce rapport, les experts insistent notamment sur le rôle joué dans la crise alimentaire par le « boom des agrocarburants », ces dix dernières années, qui « a eu un impact majeur sur l'évolution de la demande mondiale en céréales et huiles végétales » (1). Ils accaparent désormais près de 40% de la culture de maïs aux Etats-Unis. Cette expansion des cultures destinées à produire des agrocarburants « met en lumière la tension entre une demande potentiellement illimitée (d''énergie, dans ce cas) et les contraintes d'un monde aux ressources finies », juge le rapport.

Les experts appellent clairement les gouvernements - en tête, les Etats-Unis et l'Union européenne - à abolir les subventions et autres mesures qui avantagent la production d'agrocarburants, au détriment de la production agricole alimentaire. Mais deux semaines plus tôt, le plan d'action des ministres du G20 évoquait certes la question des agrocarburants... pour mieux l'enterrer (2).
Sur cette question, comme sur celle de la spéculation ou des investissements, Oxfam espère encore des chefs d'Etat du G20 qu'ils « décideront d'une véritable action » lors du sommet de novembre à Cannes. Et compte surtout sur le Comité sur la sécurité alimentaire de la FAO qui se réunira en octobre à Rome.



(1) L'accusation n'est pas nouvelle, nous en parlions lors du sommet de Copenhague en 2009 ; et il y a un an, l'ONG les Amis de la Terre dénonçaient la « main basse » sur les terres africaines.

(2) Et de quelle manière : « Nous reconnaissons la nécessité d’analyser plus avant l'ensemble des facteurs qui influencent les relations entre la production de biocarburants et (1) la disponibilité alimentaire, (2) la réponse de l’agriculture à l’augmentation des prix et à la volatilité, (3) la durabilité de la production agricole, et d'approfondir l'analyse des réponses possibles en terme de politiques publiques, tout en reconnaissant le rôle que peuvent jouer ces biocarburants dans la réduction des gaz à effet de serre, la sécurité énergétique et le développement rural. »