vendredi 19 août 2011

Le Maroc plaide pour la création d'une Banque Africaine de Solidarité Alimentaire

Le Secrétaire d'Etat auprès du ministre des Affaires Etrangères et de la coopération, Mohamed Ouzzine, a plaidé jeudi à Rome pour la mise en place d'une Banque Africaine de Solidarité Alimentaire.
Intervenant au nom du Groupe des 77 plus la Chine, lors de la réunion opérationnelle de Haut niveau des Etats membres de la FAO au sujet de la région de la Corne de l' Afrique, M. Ouzzine a insisté sur la conjugaison des efforts afin de répondre aux besoins des populations sinistrées, indique un communiqué du ministère des Affaires Etrangères et de la Coopération.
La communauté internationale a le devoir moral et humain d'agir en profondeur sur les causes multiples de cette crise, qui pourrait encore s'aggraver dans les mois à venir, a dit M. Ouzzine lors de cette réunion.
Les conditions climatiques ne peuvent expliquer, à elles seules, ce drame humanitaire, a-t-il ajouté. Le prix des denrées alimentaires ainsi que la volatilité des marchés des produits de base sont devenus, depuis quelques années, des phénomènes permanents amenuisant toutes les chances de réaliser une sécurité alimentaire durable et accessible aux plus vulnérables, a souligné le secrétaire d'Etat.
"Cette situation qui est le corollaire direct de plusieurs facteurs continue d'avoir des conséquences déstabilisantes au niveau social, voire politique", a-t-il indiqué, affirmant que "le facteur le plus déterminant reste celui de la spéculation financière et son impact sur les prix de produits de base, notamment dans les pays en développement importateurs de denrées alimentaires".
Les gouvernements des pays en développement se sont vus obligés de faire des ponctions budgétaires pour maintenir, au détriment de la croissance économique, les prix à des niveaux raisonnables, a-t-il noté.
"C'est dans cette perspective, que le Royaume du Maroc a estimé que toutes les actions prises au niveau international ne peuvent produire les effets escomptés, sans une amélioration significative de l'information et de la transparence sur les marchés", a-t-il relevé.
Tout en saluant les initiatives prises en juin dernier, sous l'impulsion de la France, par les ministres de l'agriculture du G20, qui ont adopté un plan d'action sur la volatilité des prix alimentaire et sur l'Agriculture, la question des réserves alimentaires d'urgence, mais aussi à long terme, est capitale pour atténuer la volatilité des prix des denrées alimentaires et assurer une sécurité alimentaire durable, a-t-il estimé.
Et d'ajouter que "les gouvernements gagneront à constituer des réserves, tant au niveau national que régional, qui permettront de juguler les augmentations excessives des prix agricoles en cas de faibles récoltes".
Selon M. Ouzzine, "c'est dans cet objectif, que le Maroc a appelé à la création, sous la coupole de la BAD, d'une banque Africaine de Solidarité Alimentaire".
Cette Banque, a-t-il précisé, pourrait s'appuyer sur les réseaux nationaux et sur les expériences qui existent dans d'autres continents, notamment en Europe. Elle devra aussi fédérer les synergies pour une utilisation optimale des denrées alimentaires et pour rendre le combat pour la sécurité alimentaire plus efficace en Afrique.
"Le Royaume du Maroc reste résolument convaincu que la résolution des conflits demeure une condition fondamentale à la résolution de la crise alimentaire, car sans paix ni stabilité politique, il serait difficilement envisageable d'investir dans une agriculture durable à même d'assurer des conditions de vie humaine aux paysans", a souligné M. Ouzzine.
L'aboutissement de toutes ces initiatives, a-t-il dit, demeure conditionné par la coordination entre les acteurs, la concrétisation des engagements et l'appui financier souscrit solennellement par les pays donateurs.
D'après lui, la concrétisation de ces objectifs demeure aussi tributaire de "la volonté collective de donner un contenu crédible à l'objectif universel, d'apporter les réponses qu'appelle la raréfaction endémique des ressources hydriques de la plupart des régions d'Afrique".
Les acquis accumulés, les leçons tirées des erreurs du passé et le potentiel de coopération et de partenariat disponible ont permis au Maroc, a-t- dit, "de s'engager avec humilité, fort d'un esprit de solidarité traditionnelle avec nos frères africains dans des chantiers ambitieux de partage des connaissances de bonnes pratiques et d'échanges".
"Qu'il s'agisse d'initiatives bilatérales ou de programmes tripartites, y compris ceux bénéficiant du partenariat de la FAO, la coopération sud sud n'est plus un simple slogan: c'est désormais une réalité palpable avec son actif et ses succès plus que prometteurs", a conclu M. Ouzzine.
La catastrophe humanitaire qui sévit dans la région de la Corne de l'Afrique est la plus grave dans l'histoire de l'humanité, touchant plus de 12 millions de personnes.
Le 25 juillet dernier, la Présidence française du G20 a demandé à la FAO d'organiser une réunion d'urgence au niveau ministériel à ce propos.
Cette réunion a pour objectif de sensibiliser l'opinion publique et de créer un forum afin de mobiliser les moyens pour faire face à la crise alimentaire.