lundi 26 décembre 2011

Jean Ziegler : « Les spéculateurs devraient être jugés pour crime contre l’humanité »


PAR ELODIE BÉCU (19 DÉCEMBRE 2011)

Les ressources de la planète peuvent nourrir 12 milliards d’humains, mais la spéculation et la mainmise des multinationales sur les matières premières créent une pénurie. Conséquence : chaque être humain qui meurt de faim est assassiné, affirme Jean Ziegler, ancien rapporteur spécial de l’ONU pour le droit à l’alimentation. Il dénonce cette « destruction massive » par les marchés financiers. Des mécanismes construits par l’homme, et que l’homme peut renverser. Entretien.






Basta ! : Craignez-vous que la crise financière amplifie celle de la faim dans le monde ?

Jean Ziegler : Tous les cinq secondes, un enfant de moins de 10 ans meurt de faim. Près d’un milliard d’humains sur les 7 milliards que compte la planète souffrent de sous-alimentation. La pyramide des martyrs augmente. À cette faim structurelle, s’ajoute un phénomène conjoncturel : les brusques famines provoquées par une catastrophe climatique – comme en Afrique orientale, où 12 millions de personnes sont au bord de la destruction – ou par la guerre comme au Darfour. En raison de la crise financière, les ressources du Programme alimentaire mondial (PAM), chargé de l’aide d’urgence, ont diminué de moitié, passant de 6 milliards de dollars à 2,8 milliards. Les pays industrialisés ne paient plus leurs cotisations car il faut sauver la Grèce, l’Italie et les banques françaises. Une coupe budgétaire qui a un impact direct sur les plus démunis. Dans la corne de l’Afrique, le PAM est contraint de refuser l’entrée de ses centres de nutrition thérapeutique à des centaines de familles affamées qui retournent dans la savane vers une mort presque certaine.

Et les financiers continuent de spéculer sur les marchés alimentaires. Les prix des trois aliments de base, maïs, blé et riz – qui couvrent 75 % de la consommation mondiale – ont littéralement explosé. La hausse des prix étrangle les 1,7 milliard d’humains extrêmement pauvres vivant dans les bidonvilles de la planète, qui doivent assurer le minimum vital avec moins de 1,25 dollar par jour. Les spéculateurs boursiers qui ont ruiné les économies occidentales par appât du gain et avidité folle devraient être traduits devant un tribunal de Nuremberg pour crime contre l’humanité.

Les ressources de la planète suffisent à nourrir l’humanité. La malnutrition est-elle seulement une question de répartition ?

Le rapport annuel de la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture) estime que l’agriculture mondiale pourrait aujourd’hui nourrir normalement 12 milliards d’humains [1], presque le double de l’humanité. Au seuil de ce nouveau millénaire, il n’y a plus aucune fatalité, aucun manque objectif. La planète croule sous la richesse. Un enfant qui meurt de faim est assassiné. Il n’est pas la victime d’une « loi de la nature » !

Au-delà de la spéculation, quelles sont les autres causes de la faim dans le monde ?

Tous les mécanismes qui tuent sont faits de main d’homme. La fabrication d’agrocarburants brûle des millions de tonnes de maïs aux États-Unis. L’océan vert de la canne à sucre au Brésil mange des millions d’hectares de terres arables. Pour remplir un réservoir de 50 litres de bioéthanol, vous devez brûler 352 kg de maïs. Au Mexique ou au Mali, où c’est l’aliment de base, un enfant vit une année avec cette quantité de maïs. Il faut agir face au réchauffement climatique, mais la solution ne passe pas par les agrocarburants ! Il faut faire des économies d’énergies, utiliser l’éolien, le solaire, encourager les transports publics.

Autre élément : le dumping agricole biaise les marchés alimentaires dans les pays africains. L’Union européenne subventionne l’exportation de sa production agricole. En Afrique, vous pouvez acheter sur n’importe quel étal des fruits, des légumes, du poulet venant d’Europe à quasiment la moitié du prix du produit africain équivalent. Et quelques kilomètres plus loin, le paysan et sa famille travaillent dix heures par jour sous un soleil brûlant sans avoir la moindre chance de réunir le minimum vital.
Et la dette extérieure des pays les plus pauvres les pénalise. Aucun gouvernement ne peut dégager le minimum de capital à investir dans l’agriculture, alors que ces États ont un besoin crucial d’améliorer leur productivité. En Afrique, il y a peu d’animaux de traction, pas d’engrais, pas de semences sélectionnées, pas assez d’irrigation.

Enfin, le marché agricole mondial est dominé par une dizaine de sociétés transcontinentales extrêmement puissantes, qui décident chaque jour de qui va vivre et mourir. La stratégie de libéralisation et de privatisation du Fonds monétaire international (FMI), de la Banque mondiale et de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) a ouvert la porte des pays du Sud aux multinationales. La multinationale Cargill a contrôlé l’an dernier 26,8 % de tout le blé commercialisé dans le monde, Louis Dreyfus gère 31 % de tout le commerce du riz. Ils contrôlent les prix. La situation est la même pour les intrants : Monsanto et Syngenta dominent le marché mondial – donc la productivité des paysans.

Que faire face à cette situation ?

Ces mécanismes, faits de main d’homme, peuvent être changés par les hommes. Mon livre, Destruction massive, Géopolitique de la faim, malgré son titre alarmant, est un message d’espoir. La France est une grande et puissante démocratie, comme la plupart des États dominateurs d’Europe et d’Occident. Il n’y a pas d’impuissance en démocratie. Nous avons toutes les armes constitutionnelles en main – mobilisation populaire, vote, grève générale – pour forcer le ministre de l’Agriculture à voter pour l’abolition du dumping agricole à Bruxelles. Le ministre des Finances peut se prononcer au FMI pour le désendettement total et immédiat des pays les plus pauvres de la planète.

La crise de la dette européenne rend cette position plus difficile à envisager…

Elle complique la situation. Mais la taxe Tobin, quand elle a été proposée par Attac il y a quinze ans, était qualifiée d’irréaliste. Aujourd’hui, elle est discutée par le G20 ! Les organisations internationales sont obligées de constater la misère explosive créée par la hausse des prix des matières premières. Un chemin se dessine. Nous avons un impératif catégorique moral – au-delà des partis, des idéologies, des institutions, des syndicats : l’éveil des consciences. Nous ne pouvons pas vivre dans un monde où des enfants meurent de faim alors que la planète croule sous les richesses. Nous ne voulons plus du banditisme bancaire. Nous voulons que l’État à nouveau exprime la volonté du citoyen, et ne soit pas un simple auxiliaire des entreprises multinationales. Ces revendications créent des mouvements dans la société civile.

La crise ne risque-t-elle pas de provoquer une montée du populisme en Europe, plutôt qu’un nécessaire sursaut des consciences ?

La lutte est incertaine. Le chômage et la peur du lendemain sont les terreaux du fascisme. Mais il y a une formidable espérance à la « périphérie », comme le montrent les insurrections paysannes pour la récupération des terres que les multinationales se sont appropriées au nord du Brésil et du Sénégal, au Honduras ou en Indonésie. Si nous arrivions à faire la jonction, à créer un front de solidarité entre ceux qui luttent à l’intérieur du cerveau de ces monstres froids et ceux qui souffrent à la périphérie, alors l’ordre cannibale du monde serait abattu. J’ai d’autant plus d’espoir que l’écart entre Sud et Nord se réduit, parce que la jungle avance. La violence nue du capital était jusqu’ici amortie au Nord, par les lois, une certaine décence, la négociation entre syndicats et représentants patronaux. Aujourd’hui, elle frappe ici les populations humbles. Il faut montrer la voie de l’insurrection et de la révolte.

Propos recueillis par Élodie Bécu

À lire : Jean Ziegler, Destruction massive : Géopolitique de la faim, 2011, Éditions du Seuil, 352 pages, 20 euros.

Notes

[1] Selon les critères de l’Organisation mondiale de la santé : 2 200 calories par individu et par jour.

dimanche 25 décembre 2011

Victoire pour les paysans chinois insurgés de Wukan



Manifestation paysanne à Wukan (Via Weibo)

Après dix jours de siège et de révolte, les villageois de Wukan, un vilage de la province du Guangdong (Sud), sont parvenus à un accord avec les autorités et démontent, pour l'instant, leurs barricades. Un compromis après l'une des révoltes paysannes les plus spectaculaires que la Chine ait connues récemment.
A Wukan, les barricades n'encombrent donc plus les routes. Mercredi, les villageois et le vice-secrétaire du PCC du Guangdong sont parvenus à un accord. « Un début de victoire » a déclaré prudemment Lin Zuluan, représentant des habitants de Wukan.
Ce village du Guangdong, en rébellion ouverte contre le gouvernement local, tenait depuis dix jours un véritable siège. A l'origine de cette sédition, une colère soutenue contre l'expropriation des terres, sujet de discorde récurrent en Chine.

Gouvernements locaux et promoteurs immobiliers

« Le problème prend sa source dans la gestion de la fiscalité locale des provinces chinoises, et un souci de répartition du budget » estime Jean-François Huchet, ex-directeur du Centre d'étude français sur la Chine contemporaine à Hong Kong, et enseignant à l'INALCO.
« La réforme fiscale de la fin des années 90 a certes décentralisé des fonds vers les régions. Mais la question du budget des circonscriptions internes aux provinces n'a jamais été réglée. »
Manquant de ressources, les gouvernement locaux tirent aujourd'hui l'essentiel de leurs revenus de la vente de terrains à des promoteurs immobiliers. Ceux-ci obtiennent à bas prix l'emplacement de futures usines ou complexes hôteliers, le gouvernement local renfloue son budget et certains fonctionnaires amassent les pots de vin.
Seuls oubliés de la transaction, les paysans qui perdent leur outil de travail. Or la compensation reçue en échange n'est jamais importante.
A Wukan, la vente de 275 hectares aurait ainsi rapporté 700 millions de yuans aux autorités (environ 85 millions d'euros), selon le magazine chinois Caixin. La somme reçue par chaque paysan ne dépasserait pas en revanche les 550 yuans (66€).
Les habitants du village du Guangdong ont protesté tout l'automne contre ce qu'ils considèrent comme une exaction de fonctionnaires corrompus. Ces manifestations réprimées avec violence se sont soldées par l'arrestation des organisateurs.
Un scénario classique en Chine mais qui prend à Wukan un tour inattendu suite à la mort en détention du manifestant Xue Jinbo.
Dimanche 11 décembre, des manifestants expulsent les dirigeants locaux et barricadent les routes tandis que les forces de police encerclent le village. C'est le début d'un siège qui durera dix jours et durant lequel les villageois multiplient les rassemblements, tout en renforçant leurs revendications.


Le siège déserté du parti communiste à Wukan (Malcolm Moore/Twitter)

« J'ai 31 ans mais je n'ai jamais pu voter »

Si la question des terres reste primordiale, les habitants de Wukan remettent désormais en cause la légitimité même de leurs dirigeants.
« J'ai 31 ans, mais je n'ai jamais pu voter » déclare un villageois au journaliste de McClatchy.
Il n'est pas le seul. Wukan n'a pas connu d'élection depuis 40 ans, le Secrétaire du PCC local ne désirant pas céder sa place. Une situation « anormale » à laquelle les assiégés remédient en organisant eux-même l'élection qu'ils réclament.
Pour Jean-François Huchet :
« Pour la première fois, des villageois ont pris leur destin en main et élu leurs représentants, en dehors de tout cadre officiel. C'est cela qui fait toute l'originalité des évènements de Wukan.
Le processus a échappé au Parti. »

Ne pas faire de martyrs

Assiégé mais pas isolé, le village a accueilli plusieurs journalistes étrangers passés au travers des barrages policiers.
La presse occidentale a suivi attentivement le cours des évènements et sur Weibo, le twitter chinois, les internautes contournaient la censure pour faire circuler photos et commentaires.
Le week-end dernier, la police de Canton a interrompu une manifestation de soutien aux villageois, tandis qu'un rassemblement similaire se tenait à Hong Kong.
Quand les villageois annoncent qu'ils marcheront sur le centre administratif de Lufeng si les autorités ne cèdent pas à leurs revendications, il semble être temps de réagir.
Cette manifestation qui confronterait le cortège aux forces de police toujours massées autour du village pouvait dégénérer. Et en cette période sensible, faire des habitants de Wukan des martyrs ne semble pas une option. Il fallait désamorcer le conflit.
Plus de marche, plus de barricades. Lors de la rencontre de mercredi matin, le vice-secrétaire du Parti communiste de la province du Guangdong, Zhu Mingguo, a promis la libération des trois organisateurs des manifestations de l'automne, le retour du corps de Xue Jinbo dans sa famille, ainsi qu'une enquête approfondie sur les circonstances de sa mort.
Par ailleurs, les représentants des villageois ne devraient pas être poursuivis pour « incitation à la révolte ».
Le vice-secrétaire a repris la route. Dans la ville de Haimen, à 120 km de là,des manifestations contre une centrale thermique ont dégénéré et le gouvernement du Guangdong a d'autres préoccupations.
Mais la hache de guerre est-elle réellement enterrée à Wukan ? D'après le Daily Telegraph, les villageois sont divisés.
Si certains accueillent avec soulagement la fin des hostilités, d'autres restent méfiants. Malgré la promesse qu'une enquête sera menée au sujet des expropriations, aucune garantie de restitution n'a été donnée.
Quant aux représentants élus durant le siège, leur porte-parole Lin Zuluan est formel. Tant que la question des terres n'est pas résolue et de nouvelles élections organisées, ils resteront en place.

Tchad: Des paysans portent plainte contre la Banque mondiale


Des paysans de la zone pétrolifère de Doba, au Tchad, portent plainte contre la Banque mondiale - Le Groupe de recherches alternatives et de monitoring du projet pétrole/Tchad-Cameroun (Gramp/TC), au nom de 25 220 paysans appartenant à 25 villages de la zone pétrolifère de Doba, dans le Sud du Tchad, a déposé une plainte contre la Banque mondiale pour 'atteintes aux droits humains et à l’environnement', a appris lundi la PANA de source officielle à Paris.

Le Projet de l’oléoduc Tchad-Cameroun co-financé par la Société financière internationale (SFI) du Groupe de la Banque mondiale à hauteur de 100 millions de dollars américains et réalisé par le Consortium américano-malaisien a été mis en service en 2003.

Pour le Gramp/TC, soutenu par le CCFD-Terre Solidaire, la très large emprise foncière des installations pétrolières, ainsi que les impacts de la pollution sur l’agriculture et le bétail, privent une partie de la population des seuls moyens de subsistance dont elles disposent.

'De surcroît, la présence de forces de sécurité qui assurent la protection des sites comportent des restrictions à la libre circulation dans la zone, entre villages et familles, et une sorte de couvre-feu implicite est en vigueur entre 18 heures et 6 heures du matin', a indiqué le Gramp/TC.

Par ailleurs, les populations locales subiraient plusieurs autres types d’exactions : arrestations et amendes arbitraires, spoliations de biens, tortures et autres traitements humiliants et dégradants, alors que de nombreux cas d’atteintes à l’environnement ont été recensés.

'Ce projet pétrolier n’a pas bénéficié aux populations malgré les engagements pris lors de la signature du contrat entre les entreprises exploitantes et le gouvernement tchadien : ni nouvelles infrastructures éducatives et sanitaires, ni accès des populations à l’eau potable', ont affirmé les plaignants.

La plainte, selon le Gramp/TC, a été jugée recevable par le bureau du Compliance Advisor/Ombudsman(CAO), un mécanisme de résolution des différends mis en place par la SFI et l’Agence multilatérale de garantie des investissements (MIGA) du Groupe de la Banque mondiale.

Les plaignants attendent que la procédure devant le CAO débouche sur la réparation des dommages causés aux populations riveraines et que des solutions durables soient trouvées pour faire face aux impacts sociaux et environnementaux cumulatifs à moyen et long termes.


Pana 20/12/2011

lundi 19 décembre 2011

Monsanto : retour sur trois décennies de polémiques

Pour la première fois en France, un particulier a assigné en justice le géant agrochimique américain Monsanto. Il s'agit de la dernière affaire en date impliquant la firme américaine, qui défraie la chronique depuis trente ans.
Par Gaëlle LE ROUX


Après le PCB, l’agent orange et les OGM, c’est désormais avec le Lasso que Monsanto défraie la chronique. Depuis le 12 décembre, le géant mondial de l’industrie phytosanitaire américain est poursuivi par un agriculteur français, Jacques Maret, pour une intoxication aiguë qu’il impute à ce désherbant, aujourd’hui interdit dans l'Hexagone. L'agriculteur, qui a souffert de graves troubles neurologiques après avoir inhalé des vapeurs du produit par accident, accuse la firme d’empoisonnement.
Une nouvelle affaire qui n’est que la dernière d’une longue série de scandales rattachés au nom de Monsanto. Ses produits traînent en effet une réputation sulfureuse depuis plusieurs décennies, comme le démontre "Le Monde selon Monsanto", un enquête menée par la journaliste indépendante Marie-Monique Robin en 2008 et qui dresse un portrait au vitriol de la compagnie. Selon elle, Monsanto est coutumière des dissimulations de données, des falsifications de tests cliniques ou des rétentions d’informations relatives à des pollutions ou des empoisonnements aigus que ses produits auraient provoqués.

L’agent orange : un redoutable poison

LA PUISSANCE DU LOBBY MONSANTO : L’EXEMPLE DE LA MISE SUR LE MARCHÉ DES OGM
Lors de la mise sur le marché de semences OGM à la fin des années 1990, plusieurs voix au sein de la FDA - l’agence sanitaire américaine - ont souhaité que des études de dangerosité plus poussées soient menées. Elles n’ont pas été écoutées. Dans son documentaire, Marie-Monique Robin interroge Dan Glickman, ministre américain de l’Agriculture entre 1995 et 2000, sous Bill Clinton. "On aurait dû faire davantage de tests, mais les firmes ne voulaient pas, avoue-t-il. J’ai subi trop de pressions."
Également interrogé par la journaliste, Jeremy Rifkin, président de la Fondation pour les tendances économiques et auteur, à la fin des années 1970, d’un livre sur les dangers des manipulations génétiques, assure n’avoir "jamais vu une société qui ait une influence aussi déterminante et à un niveau aussi élevé sur les autorités que Monsanto avec ses OGM".
La première affaire impliquant l’entreprise remonte à 1978. Cette année-là, c’est son tristement célèbre "agent orange", un défoliant utilisé par l’armée américaine pendant la guerre du Vietnam, qui fait la Une des journaux. Plusieurs milliers de vétérans du conflit portent plainte contre Monsanto et six autres entreprises agrochimiques pour empoisonnement. Tous sont atteints de maladies graves - cancers, maladies de la peau, défaillances du système immunitaire…- imputées à la dioxine, composé chimique hautement toxique et présent en masse dans le défoliant. "Les dirigeants de Monsanto savaient que l’agent orange était contaminé à la dioxine, mais ils n’ont rien dit et ont même réalisé de fausses études scientifiques pour montrer qu’il n’y avait aucun lien avec le cancer", affirme Marie-Monique Robin dans une interview diffusée sur la chaîne franco-allemande Arte - après avoir soumis des études sponsorisées par Monsanto à des chercheurs indépendants. En 1984, Monsanto et six autres firmes agrochimiques ont fini par verser 180 millions de dollars à un fonds de compensation destinés aux soldats américains.
En 2004, une association vietnamienne a, à son tour, porté plainte contre les fabricants de l'agent orange. Mais elle a été classée sans suite. Au Vietnam, selon la Croix-Rouge, environ un million de personnes souffrent des conséquences d’intoxications aiguës à la dioxine : malformations congénitales, cancers, problèmes neurologiques, lésions nerveuses...

Pollution massive au PCB
Simultanément, une autre affaire vient entacher la réputation de la firme agrochimique. Cette fois, c'est le PCB, plus connu sous le nom de Pyralène en France ou d’Aroclor aux Etats-Unis, qui est au cœur de ce nouveau scandale. En 2002, Monsanto est reconnue coupable par la justice américaine d’avoir "pollué le territoire d’Anniston [une ville d’Alabama où la firme a fabriqué du PCB pendant près de cinquante ans] et le sang de sa population avec les PCB". Elle est condamnée à verser 700 millions d’euros de dommages et intérêts à ses habitants. L’enquête révèle en outre que Monsanto a agi en toute connaissance de cause, puisqu’elle met en lumière que la firme connaissait la dangerosité du PCB depuis…1937.
Pendant près de cinquante ans, Monsanto a donc déversé des eaux contaminées au PCB dans la rivière traversant la ville d’Anniston, sans tenir compte de la pollution massive de l’eau et des sols - désastreuse pour l’homme et l’environnement - que cela engendrait.

Intimidation et falsification d’études
Et plus le temps passe, plus les polémiques autour de Monsanto - que France 24 a cherché à contacter à plusieurs reprises, sans succès - se multiplient. Après l’hormone de croissance bovine - une substance inoculée aux vaches pour qu’elles produisent davantage de lait - dans les années 1990 , c’est le Roundup, désherbant le plus vendu au monde, qui a été pointé du doigt.
Comme la justice américaine onze ans plus tôt, la justice française a ainsi condamné Monsanto pour publicité mensongère en 2007, estimant que, dans son spot ventant les mérites du Roundup, la firme présentait à tort son désherbant comme biodégradable et sans danger pour l’homme... En 2009 ensuite, une plainte a été déposée devant le Conseil d’État français contre 3 des 37 formules du produit commercialisées dans l’Hexagone. "La molécule glyphosate, qui entre dans la composition du Roundup, a été testée lors de la création du produit en 1974. Mais, depuis, la formule du désherbant a été modifiée par petites touches, sans jamais faire l’objet de nouvelles études d’impact. Du coup, on ne connaît pas l’effet des interactions entre les composants qui ont été progressivement ajoutés et le glyphosate", explique Jacques Maret, auteur de la plainte et "paysan bio" installé en Charente (Centre ouest de la France).

Les nouveaux ennuis de Monsanto
Aujourd’hui, c’est avec l’arrivée sur le marché de ses semences transgéniques que la multinationale s’attire les foudres de plusieurs syndicats agricoles et associations écologistes. Selon eux, les organismes génétiquement modifiés (OGM) qui sortent des laboratoires de Monsanto auraient contaminé le patrimoine génétique de plants non modifiés artificiellement, du fait d’études d’impact bâclées. Pour les anti-OGM, l’innocuité de ces semences pour l’homme n’est pas prouvée. Des accusations que la firme américaine réfute sur son site, justifiant son recours aux biotechnologies en expliquant qu’il s’agit d’aider "les agriculteurs du monde entier à produire plus en préservant plus", dans un contexte de raréfaction des terres arables.
Pour autant, la polémique autour des OGM, comme le procès contre le Lasso intenté par le paysan charentais en début de semaine, ne devrait pas entamer la puissance financière et le quasi-monopole de Monsanto. En avril 2011, en effet, le géant américain a prévu un bénéfice net d'1 milliard de dollars (700 millions d'euros) pour l'exercice en cours.
Quant à sa position de leader sur le marché des semences, elle n’est pas remise en cause. Au sein de l’association France Nature Environnement, l’optimisme n’est pas de mise : "Aujourd’hui, on peut encore se passer de Monsanto, assure Lionel Vilain, conseiller technique de l’association. Mais la firme règne avec un quasi-monopole sur le marché des semences transgéniques et conventionnelles. Elle partage le marché avec seulement quatre autres multinationales aux pratiques sûrement similaires aux siennes. La question est de savoir si, demain, on pourra faire sans ces multinationales."

http://www.france24.com/fr/20111216-agriculture-monsanto-proces-affaires-polemiques-scandales-roundup-agrochimie-pcb-agent-orange 
Click here to find out more!

mercredi 14 décembre 2011

Un militant FN arrêté pour profanation de tombes musulmanes avec du porc

Un ex-militaire de 48 ans et  du  est convoqué 
prochainement devant le juge pour avoir profané des tombes 
musulmanes à Castres (Tarn) en y disposant des couennes de porc, 
acte qu'il assume complètement, a-t-on appris mercredi de source policière.
C'est grâce à son empreinte ADN relevée sur les couennes que les 
policiers l'ont identifié, presque un an après les faits. 

Il a été interpellé chez lui lundi, et présenté mardi au parquet après 
une nuit de garde à vue. Il a été relâché muni d'une convocation devant 
le tribunal correctionnel de Castres pour le 7 décembre.
Cet ancien du 8e Régiment de parachutistes d'infanterie de marine (RPIMA) 
de Castres a reconnu avoir déposé des morceaux de couenne sur trois 
tombes du carré musulman du cimetière de la ville le 7 janvier. Une personne 
qui se rendait sur la tombe d'un proche a porté plainte.
Il ne regrette pas son acte et, au contraire, le revendique. Il "persiste et signe", 
c'est un personnage "un peu fruste", qui affiche une attitude "butée et revendicative", 
selon un policier.
Les enquêteurs ont pu remonter jusqu'à lui grâce à son empreinte ADN car 
il apparaissait sur la base de données nationale pour des faits de  avec 
effraction et dégradation de véhicule datant de 2006.
Cette affaire était passée plutôt inaperçue. Mais Castres avait été le théâtre 
d'une profanation retentissante de la mosquée Bilal en décembre 2009, quand 
des pieds de cochon avaient été suspendus à la poignée du portail et des oreilles 
de porc agrafées sur la porte. Des inscriptions xénophobes et des croix gammées 
avaient également été retrouvées sur les murs du lieu de culte.
Pour la profanation des tombes, le militant frontiste encourt un an de prison et 
15.000 euros d'amende.
Le Front national a aussitôt suspendu l'ex-militaire et le convoquera devant la 
commission de discipline "en vue de son exclusion", a annoncé dans un communiqué 
le secrétaire général du FN, Steeve Briois, dénonçant "un acte particulièrement lâche 
et idiot, incompatible avec l'appartenance au mouvement de Marine Le Pen".

Enfin du porc 100 % casher

29.11.2011  


Le grand rabbin ashkénaze d’Israël, Yona Metzger, a récemment annoncé la découverte d’une espèce d’oie ayant exactement le goût du porc. “Nous réfléchissons à la possibilité d’importations à l’échelle industrielle”, a déclaré le rabbin lors d’une conférence culinaire au centre hospitalier Kaplan de Rehovot. Il s’agit d’une petite révolution dans le monde de la gastronomie casher, puisque les Juifs traditionnels vont enfin pouvoir découvrir le goût du porc, viande interdite selon la loi religieuse. C’est en Espagne que sont récemment apparus ces élevages d’oies non industriels, où, contrairement aux méthodes modernes, les animaux ne sont pas engraissés mais nourris avec des produits naturels. Quelle ne fut pas la surprise des éleveurs en goûtant les premiers foies gras de leur production. “On dirait du porc”, s’écrièrent-ils. Décidant de partager cette découverte sensationnelle avec le peuple élu, ils contactèrent le grand rabbin Metzger. Celui-ci sollicita un deuxième avis et demanda à ce que le foie gras soit examiné par trois chefs européens non juifs, connaissant parfaitement le goût du porc. Les trois professionnels confirmèrent la découverte d’un “rare duplicata culinaire”. Après avoir longtemps réfléchi, le grand rabbin trancha : les foies gras étaient casher. Son jugement se fonde sur une citation du Talmud selon laquelle, pour chaque interdit imposé au peuple d’Israël, Dieu a créé un substitut casher ayant exactement le même goût. “Nous avons l’intention d’approuver cette décision et de la soutenir, a déclaré le grand rabbin. Cela pourrait être une alternative juive originale pour les consommateurs de viande non casher, qui y trouveront un bon succédané. Quant aux Juifs religieux, je pense qu’ils seront d’abord dégoûtés mais ils s’y feront.”

(Ynetnews, Tel-Aviv)
http://www.courrierinternational.com/article/2011/11/29/enfin-du-porc-100-casher 

Sus aux fraudeurs : un kit de détection de porc grand public


Les blogs Al-Har et Tendances halal rapportaient la semaine dernière l’information. Le laboratoire américain PerkinElmer vient de mettre sur le marché un kit de détection de présence de porc, qui semble-t-il est accessible au grand public, contrairement à cet autre kit de détection que nous évoquions en janvier dernier (voir Kit de détection d’ADN de porc). Si l’on en croit le laboratoire, détecter la présence de porc dans un produit alimentaire va devenir un jeu d’enfants. Plus besoin de connaissances techniques ni de matériel poussé.
Le principe est simple : il suffit de prélever un échantillon de viande, par exemple, puis d’introduire cet échantillon dans un flacon qui sera au préalable rempli d’un liquide. On trempera enfin un languette dans le flacon et on attendra quelques minutes pour voir le résultat, à la manière d’un test de grossesse. Si le produit testé contient du porc, la languette laissera apparaître deux traits, signe de présence de porc. Le laboratoire PerkinElmer indique qu’il suffira d’une petit quart d’heure pour être fixé. Voici une vidéo d’explication (en anglais, mais les images suffisent à comprendre).


S’il s’avère que ce kit de détection a vraiment vocation à toucher le grand public et donc qu’il sera facile d’utilisation pour un prix modique, de nombreux industriels et ceux qui se sont acoquinés à eux pour vendre du faux halal vont en faire des cauchemars. Imaginez un seul instant qu’il suffira de se rendre dans son supermarché habituel, d’y dépenser quelques euros, de rentrer à la maison pour faire un test. Imaginez que cela soit possible et que les plus avertis des consommateurs prennent soin de filmer cela et même de diffuser le test en direct sur Internet. S’il n’a pas fallu un tel équipement à l’UFCM (union française des consommateurs musulmans) pour procéder à des analyses en laboratoire et découvrir, selon une récente newsletter, des produits contenant du porc, le kit de détection de porc du laboratoire PerkinElmer va permettre à des millions de consommateurs de veiller au bon grain.
Évidemment, ce kit ne résoudra pas tous les problèmes du halalgate – le faux halal ne se résume pas à la présence de porc -, mais il permettra de mettre hors-circuit nombre de fraudeurs qui sévissent encore et toujours. Les consommateurs, qui ont manifesté très clairement en 2011 leur volonté de voir assainir le marché, voient leur pouvoir renforcé, au grand dam des nostalgiques du halal à la papa. Reste une question : quand et comment ce kit pourra être disponible en France ?
Visitez le site du laboratoire PerkinElmer : Porcine Detection Kits