dimanche 14 août 2011

Faut-il nationaliser la grande distribution ?


L'information reprise en bas de page nous amène à cette réflexion.
L'Europe mercantile et libérale, c'est ça : la compétition permanente avec un minimum de règle. Que le meilleur plus riche l'emporte ? et puis baste !
Tout cela nous amène à poser une question : est-il normal que le procesus qui fait que la tomate ou pêche de l'agriculteur arrive dans l'assiette du consommateur soit privé ?
La distribution, c'est-à-dire l'étalage des marchandises offertes au client ne devrait-elle pas être un service public ?
Cela ne ferait peut-être pas l'objet d'une question si la grande distribution n'était pas ce qu'elle est : une obsession permanente à faire du profit.
Les méthodes des centrales d'achat sont bien connues, des tribunaux les ont qualifiées de « racket » : chantage sur les fournisseurs sans cesse menacés de perdre leur référence, abus de position dominante qui fait dicter leur loi à des producteurs incapables de tenir tête. Ponction diverses et multiples pour leur publicité, leur catalogue, leur ceci, leur cela.
Et, au bout du compte, des petits producteurs qui déposent le bilan, l'agriculture française asphyxiée, anémiée et qui, bientôt, ne sera plus qu'un souvenir.
Et ce qui est vrai pour l'agriculture l'est aussi pour les autres secteurs.
Nous serions partisans d'un service public de la distribution. Une entreprise à capitaux publics qui distribuerait des produits de premières nécessités comme les fruits, les légumes, les viandes au meilleur prix, dans des conditions qui respectent les producteurs locaux et l'environnement.
Une société publique qui ne serait point obsédée par le profit avant tout et qui proposerait à ses clients des produits de saison et de qualité, sans chercher à ce que ces derniers consomment outre mesure.
Cela coûterait quelques centimes de plus que des produits importés d'Espagne voire de Chine, mais c'est le prix pour la cohésion du tissu agricole et social de notre pays.
Les camions qui encombrent les routes, c'est le fruit d'une politique commerciale qui fait travailler à « flux tendu » : minimum de stock, maximum de rotation et transports multipliés par quatre. C'est peut-être bon pour Auchan ou Leclerc, c'est nul pour la circulation routière et l'environnement !
Et si vous souhaitez consommer des fraises en hiver, faites-vous plaisir dans des épiceries de luxe, vous les paierez à prix d'or, après-tout c'est votre fric.
Hier, au niveau du péage de Lançon, les automobilistes n’en croyaient pas leurs yeux. Une cinquantaine de personnes vidaient sauvagement la cargaison de camions aux immatriculations étrangères. Ces personnes, ce sont les agriculteurs du Vaucluse, des Bouches-du-Rhône et du Gard qui ont laissé éclater leur colère.
Des prix bas à la vente résultat d’une concurrence faussée selon eux par la grande distribution, toujours plus de taxes à payer et surtout un flot d’importation de fruits et légumes beaucoup trop important. Voilà les arguments qu’avancent les agriculteurs pour expliquer "la crise sans précédent" qu’ils vivent cette année.
"Tous les secteurs agricoles sont touchés et notamment les fruits et légumes. La grande distribution fait venir des produits d’Espagne et d’Italie entre autres. La main d’oeuvre est moins chère dans ces pays qui affichent des prix bas.
Les agriculteurs français doivent baisser leur prix d’au moins 20, 30 et même 40% pour pouvoir vendre. Actuellement, la perte du chiffre d’affaire brut s’élève de 25 à 50 selon l’exploitation", explique André Bernard, président de la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles du Vaucluse.
C’est ainsi que pour se battre contre l’importation, les agriculteurs du Vaucluse, des Bouches-du-Rhône et du Gard, encadrés par les gendarmes, ont mené une opération coup de poing en immobilisant tous les camions étrangers qui tentaient de franchir le péage de Lançon, créant un bouchon de plus de 5 kilomètres.
Ordre du jour : ne laisser passer aucune production importée. Manuel, un chauffeur espagnol, malgré sa résistance, a donc vu ses 24 tonnes de nectarines écrasées sur le goudron. "C’est incompréhensible, s’énerve Manuel, je comprends que la production française ait des problèmes, mais pourquoi s’attaquer à moi ? je ne fais que mon travail."
En l’espace de 45 minutes, les agriculteurs ont vidé les remorques de trois camions remplies de pêches, d’oranges, de figues et de poires. Tous ces fruits venus d’Espagne. "Le chargement d’un de ces camions représente une année de travail pour un seul agriculteur local. Et ce n’est pas à nous qu’on achète les produits, s’emporte le président 84 de la FNSEA. Maintenant, ça suffit. Nous demandons à rencontrer les pouvoirs publics pour élaborer un plan structurel afin de sauver la profession."
Sauver une profession qui désormais "ne fait plus rêver les jeunes, s’accordent à dire Vincent, Pascal et David, trois jeunes producteurs du Vaucluse. Nous, si on est dans le métier, c’est parce que nous avons repris les exploitations de nos parents. Mais dans l’agriculture, on travaille et on ne sait jamais le salaire qu’on va pouvoir se verser."  Stéphanie MARIN

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Photo Philippe Laurenson (La Provence)





http://www.lepost.fr/article/2011/08/13/2567773_faut-il-nationaliser-la-grande-distribution.html

http://www.laprovence.com/article/a-la-une/lancon-loperation-coup-de-poing-des-agriculteurs-en-colere