lundi 31 octobre 2011

OGM - Vandana Shiva et José Bové présentent le premier contre-rapport international sur les OGM


Ce mercredi 19 octobre 2011 à Paris, Vandana Shiva, figure internationale de l’altermondialisme et José Bové, eurodéputé et célèbre défenseur d’une agriculture durable ont présenté à 2 voix le premier contre-rapport international sur la question des OGM.

Avec sa chaleur et son sourire légendaires, Vandana Shiva a introduit ce rapport réunissant l’expertise de nombreuses organisations par une métaphore pleine de justesse :
" Souvenez-vous de ce conte d’Andersen intitulé « Les habits neufs de l’empereur ». Deux charlatans prétendent confectionner à l’empereur un costume que seules les personnes intelligentes peuvent percevoir. Lorsque l’empereur s’apprête à enfiler le costume, il ne voit rien mais décide de se taire et consulte ses ministres qui font de même.

Tout le royaume parle alors de cette étoffe fabuleuse, et l’empereur finit par parader nu dans la ville. Le peuple entier prétend alors admirer ses vêtements sauf un enfant qui ose s’écrier « Mais il n’a pas d’habit du tout ! » et tout le monde lui donne raison. L’empereur prend alors conscience qu’il dit vrai, mais décide de continuer sa marche sans rien dire."
" Pour les OGM, c’est la même histoire. Tous les arguments fabuleux clamés par l’Empereur Monsanto se révèlent être faux".

En effet, Vandana Shiva et José Bové ont rappelé les multiples promesses fallacieuses de l’industrie des OGM :

¤ Les OGM vont résoudre le problème de la faim dans le monde : le rapport montre des rendements supérieurs de l’agriculture conventionnelle et pointe le fait que nous produisons déjà assez de nourriture mais qu’elle est mal répartie.

¤ Cette biotechnologie permettra une réduction de l’utilisation des intrants chimiques : les insectes et les adventices ont développé des résistances et partout où les OGM sont cultivés l’utilisation de ces produits chimiques a augmenté.

¤ Seules les variétés OGM peuvent résister au changement climatique  : la plupart des variétés GM constituent en réalité des cas de biopiraterie puisqu’elles ont été élaborées sans autorisation à partir de variétés autochtones.

¤ La coexistence entre agriculture GM et conventionnelle ou biologique est possible : des paysans de toute la planète tirent la sonnette d’alarme sur le risque de disparition de l’agriculture biologique à cause de la contamination systématique par les cultures GM environnantes.

¤ Les brevets sur les semences sont justifiés par les investissements colossaux mis par l’industrie pour développer des semences GM : ces brevets constituent une privatisation scandaleuse du Vivant et donc du Bien Commun. Le monopole de l’industrie agroalimentaire et l’augmentation de 8000% du prix des semences à poussé au suicide de milliers de paysans.

Le manque de transparence et les conflits d’intérêts menacent notre sécurité alimentaire


José Bové a rappelé la situation de l’Europe et a souligné les problèmes posés par les liens trop étroits de l’Agence Européenne de Sécurité des Aliments avec l’industrie. Tous deux se sont réjouis des nombreux mouvements de résistance à l’introduction forcée de cette technologie dans nos champs et nos assiettes et ont souligné l’urgence d’agir pour notre souveraineté alimentaire et notre démocratie !

Combat Monsanto leur a présenté son travail de veille citoyenne sur les activités du secteur agroalimentaire et sur les conflits d’intérêts. Nous nous réjouissons de la sortie de ce rapport, rassemblant des expertises au service de l’intérêt général et non de bénéfices privés !

Lisez le rapport et sa synthèse ici (seulement en anglais)

OGM - Attention ! Des OGM en France pour 2012 ?


24 octobre 2011 Conseil d’Etat et OGM : le rapporteur public demande l’annulation du moratoire sur le maïs Mon810

Aujourd’hui, lundi 24 octobre, le rapporteur public du Conseil d’Etat vient de proposer au Conseil d’État d’annuler les trois décrets qui interdisaient sur le territoire national le maïs Mon810.

Interrogé par Inf’OGM, le chargé presse du Conseil d’État, Xavier Cayon, nous précisait que le rapport public « s’est appuyé sur les conclusions du jugement de la CJUE », rendues en septembre dernier [1]. Ainsi, ce sont des arguments de forme et non de fond qui donnent raison aux plaignants, dont l’entreprise Monsanto.

Ces propositions ont été mises en délibéré. Le Conseil d’État devrait se prononcer d’ici trois ou quatre semaines. En cas d’annulation de ces décrets, aucun délai d’exécution par le gouvernement n’est pour l’instant prévu, mais il pourrait être précisé dans le jugement définitif.

La porte ouverte à de nouvelles cultures de maïs GM dès 2012 ? Pas si sûr, puisque la ministre de l’Environnement, Nathalie Kosciusko-Morizet, avait déjà fait savoir que le gouvernement souhaitait prolonger le moratoire sur le Mon810 en respectant la procédure définie par la CJUE. A suivre...
Source : Christophe Noisette, Inf’OGM, 24 octobre 2011.



Projets verts: chiche, disent les paysans africains mais quel financement?

La contrainte politique est perçue comme majeure. "Si le gouvernement n'est pas dans la boucle, ça semble très compliqué. Nos économies qui vivaient de l'agriculture deviennent des économies vivant de la politique, ça nous fait beaucoup de tort", a déploré Felix Jumbe, président des fermiers malawites (FUM). ( © AFP Gianluigi Guercia)

JOHANNESBURG (AFP) - Le mécanisme qui finance des projets verts dans les pays en développement pourrait être l'un des outils phares pour prolonger le protocole de Kyoto après 2012, mais les agriculteurs africains, concernés au premier chef, y accèdent difficilement.
Les syndicats agricoles d'Afrique australe (Sacau) ont lancé un "appel à une simplification des mécanismes de financement", dans une résolution destinée aux négociateurs de la prochaine conférence sur le climat du 28 novembre au 9 décembre 2011, à Durban en Afrique du Sud.
Ils visent "en particulier le mécanisme de développement propre" (MDP) qui permet aux pays industrialisés ou à leurs entreprises de financer des projets dits "propres", selon la résolution dont l'AFP a consulté le projet.
La Chine, l'Inde et le Brésil ont raflé l'essentiel des 3.000 projets financés depuis 2005 par ce mécanisme, qui permet d'acheter des droits d'émettre des gaz à effet de serre, responsables du réchauffement du climat, en échange par exemple d'un effort de reboisement ou de la valorisation énergétique de déchets.
Mais l'Afrique sub-saharienne participe à dose homéopathique à ce marché des crédits carbone selon l'Institut International de recherche sur l'Alimentation (IFPRI) à Washington qui chiffrait la dimension de ces projets en Afrique sud-saharienne à 1,4% en 2008.
Quatorze projets sur 18 étaient financés en Afrique du Sud et, seulement six liés à l'agriculture, selon une brochure de la Sacau, éditée en 2009.
Il y a eu peu d'évolution depuis, selon les responsables agricoles réunis récemment à Johannesburg par la Sacau pour préparer la conférence de Durban.
On serait à 4% de projets financés en Afrique par le MDP, selon l'agence pour l'alimentation et l'agriculture de l'ONU (FAO).
Savoir présenter les projets
Les questions ont fusé pour savoir comment accéder au marché carbone ou à la dizaine d'autres cagnottes comme le Fonds d'adaptation au changement climatique, qui a financé seulement deux projets africains en deux ans, l'un pour l'irrigation en Erythrée et l'autre contre l'érosion côtière au Sénégal.
"Les petits paysans n'ont pas le savoir nécessaire pour présenter des projets", a observé Mme Effatah Jele du syndicat des fermiers zambiens (ZNFU).
"J'ai une exploitation laitière et ce que je voudrais savoir c'est comment nourrir mes bêtes pour qu'elles émettent moins de gaz", dit-elle.
Les complications administratives et techniques rebutent les agriculteurs, pourtant prêts à s'adapter et qui déplorent déjà le changement climatique, avec des saisons de canne à sucre et des rendements sucriers en baisse à l'île Maurice, ou un calendrier des pluies erratique et des inondations plus fréquentes au Malawi et en Zambie.
"C'est très compliqué, très long", a reconnu la représentante de la FAO, Christina Seeberg-Elverfeldt, "mais possible", selon elle: il faut "se regrouper et monter des projets concernant au moins 50.000 agriculteurs".
La contrainte politique est perçue comme majeure. "Si le gouvernement n'est pas dans la boucle, ça semble très compliqué. Nos économies qui vivaient de l'agriculture deviennent des économies vivant de la politique, ça nous fait beaucoup de tort", a déploré Felix Jumbe, président des fermiers malawites (FUM).
"Pourquoi est-ce conçu de telle manière que cela coûte beaucoup d'argent" de monter un dossier, a interrogé Zanele Phiri, directrice du syndicat swazi (SNAU).
"Si l'on regarde le Mozambique, nous sommes un pays petit et jeune, nous avons donc besoin de compensations", a protesté Eugnelio Buquine (UNAC).
"Mais qu'est-ce qu'on voit avec REDD+ (un fonds pour la reforestation) ? Ils coupent des arbres indigènes pour planter des pins et des eucalyptus", relève-t-il.
© 2011 AFP

Rodez. Il brave le tabou du suicide des agriculteurs.


La Coordination rurale de l'Aveyron (CR 12) outrepasse un tabou au nom de la santé publique pour demander aux instances agricoles une politique de recensement et de prévention d'un phénomène social préoccupant : le suicide chez les paysans.
Entretien avec Francis Galtier, président de la CR 12, au sujet du suicide chez les paysans.
Quel est le nombre de paysans qui ont choisi de mettre fin à leur jour, en Aveyron ?
On aimerait franchement le savoir. Selon les sources, les chiffres vont du simple au triple. En France, il y aurait un à trois suicides de paysans par jour. Quant à connaître le chiffre pour l'Aveyron, c'est mission impossible. Dans le milieu agricole, tout le monde connaît un cas de désespérance qui a abouti au suicide. Aujourd'hui, il faut un courage de la part des acteurs publics pour ne plus dissimuler la vérité. En tous les cas, une chose est sûre, les agriculteurs sont sans doute la catégorie de professionnels la plus touchée par le suicide.
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mercredi 26 octobre 2011

Enquête: une filiale chinoise de Nestlé aurait dupé les paysans


Le groupe alimentaire suisse Nestlé déclare ce mercredi qu’il avait ouvert une enquête sur une de ses filiales en Chine accusée d’avoir sous-payé des producteurs de lait pendant au moins dix ans.
Une filiale chinoise de Nestlé aurait sous-payé ses producteurs de lait. Cette sous-enchère aurait duré...10 ans.
Des éleveurs de la province du Heilongjiang, dans le nord-est du pays, affirment que Shuangcheng Nestlé Co. payait le lait moins que son prix habituel et trichait sur son poids.

"Nestlé ne trompe pas les paysans. Nous prenons très au sérieux ce qui a été rapporté et avons déjà ouvert une enquête conjointement avec les autorités locales", a déclaré un porte-parole de Nestlé Chine, Nancy He.
Mesures immédiates
"Nestlé ne tolère pas de telles pratiques et va prendre des mesures immédiates dès que nous aurons mis au jour le problème", a ajouté le porte-parole.

La municipalité de Shuangcheng, une ville située juste au sud de la capitale provinciale, Harbin, compte plus de 20.000 producteurs de lait qui assurent une production journalière de 1.200 tonnes, selon l’agence Chine nouvelle.

Les éleveurs assurent que la filiale de Nestlé, qui est l’un des principaux contribuables de la municipalité, les trompent depuis plus de 10 ans et que les autorités locales leur ont interdit de vendre leur production à d’autres sociétés.
Tuer les vaches plutôt que de bosser avec Nestlé

"Ils nous trompent tout le temps. Certains d’entre nous sont tellement en colère qu’ils sont prêts à tuer leurs vaches plutôt que de vendre le lait à Nestlé", déclare Zhao Yongwu, un éleveur cité par l’agence officielle chinoise qui assure que la filiale de Nestlé lui décomptait environ un litre sur chaque seau de lait vendu.

Shuangcheng Nestlé a nié exercer un monopole sur la collecte de lait à Shuangcheng, ajoutant que deux autres laiteries opéraient dans la ville et que les paysans "ne sont pas contraints de livrer à Nestlé", a encore rapporté le China Daily.

lundi 24 octobre 2011

Sans les Sikhs d'Italie, le parmesan serait en voie de disparition

Manjit Singh maîtrise parfaitement la fabrication du parmesan: ce Sikh 
de 34 ans appartient à une grande communauté arrivée massivement 
du Penjab en Italie, sans laquelle la fabrication de l'emblématique fromage 
serait en voie de disparition.
Barbe soignée et turban immaculé sur la tête, Manjit était chauffeur de taxi 
avant de quitter son Inde natale il y a sept ans pour devenir l'artisan fromager 
d'une fabrique familiale à Zibello, non loin de Parme (nord-est). 

Un grand nombre des 25.000 Sikhs qui vivent en Italie, essentiellement entre 
Lombardie et Emilie-Romagne, sont originaires de la région pauvre du Pendjab. 
Calmes et appliqués, ils sont devenus indispensables à l'industrie du parmesan.
Les laiteries absorbent une énorme quantité de ces travailleurs durs à la tâche, 
mais certains comme Manjit se sont hissés à des fonctions-clef dans un secteur 
symbole du Made in Italy.
"Je cherchais n'importe quoi comme travail quand je suis arrivé, même plongeur 
dans un restaurant. J'étais prêt à tout mais là, j'aime vraiment beaucoup être un 
artisan fromager", explique à l'AFP-TV M. Singh, père de deux enfants et bientôt 
d'un troisième.
Graziano Cacciali, propriétaire de l'usine où travaille M. Singh, l'a pris à ses côtés 
en 2004 après quatre pontages coronariens et se dit très satisfait d'avoir enseigné 
à cet Indien un art que les Italiens ne veulent plus apprendre.
"Il n'y a plus du tout d'Italiens dans cette industrie. Il faut travailler de longues 
heures (de 6H00 à 20H00 avec une pause à mi-journée de quatre heures environ), 
le week-end, les jours fériés, chaque jour de l'année", souligne-t-il.
"Les jeunes ne veulent plus faire ce type de boulot, les Italiens ont de l'argent 
maintenant", regrette-t-il encore. Alors que le salaire est pourtant intéressant: 
entre 1.800 et 2.000 euros nets mensuels.
Malgré sa santé fragile et ses 71 ans, M. Cacciali, qui vit sur place, descend 
tous les jours dans son usine "par passion et il en faut!". Il a succédé à son père 
et travaille depuis l'âge de 12 ans.
Il garde en permanence un oeil sur Manjit Singh qui passe d'une cuve à l'autre 
pour remuer le lait, chauffé pour accélérer le caillage, puis reprend ses allers et 
venues pour briser le caillé avec un fouet géant.
Le processus dure trois ou quatre heures avant que Manjit transfère le fromage 
à peine formé dans un moule, placé dans un bain d'eau salée pendant quelques jours.
La fabrique de "Cacciali et filles" produit 10 fromages par jour.
Les premiers Sikhs sont arrivés dans la région à la fin des années 80. Environ 
la moitié travaillent dans l'industrie et l'autre a trouvé un emploi dans des fermes 
ou fabriques de fromage. Les Sikhs sont patients avec les vaches, qui ne sont 
pas sacrées dans leur religion mais très respectées comme partout en Inde.
Dans une coopérative d'élevage proche de Novellara, spécialisée dans la production 
de lait pour le parmesan, la moitié des ouvriers sont des Sikhs.
"Ils sont plus impliqués dans leur travail et ils semblent s'être bien intégrés à notre 
communauté: ils ont même leur propre temple", souligne Stefano Gazzini, responsable 
de l'étable de la coopérative CILA.
Dans le centre historique de Novellara, on voit fréquemment des Sikhs arborant 
un turban bleu, jaune safran ou blanc, accompagnés de leur épouse, faire le marché 
ou s'arrêter pour prendre un thé au lait avant de se rendre au temple.
"Nous avons vraiment de la chance d'avoir trouvé des étrangers qui viennent traire 
nos vaches, sinon nous n'aurions personne pour le faire. Le secteur serait en voie 
d'extinction", explique M. Gazzini, 28 ans.
Les 1.100 vaches de la coopérative où il officie sont nourries selon les critères 
très stricts du consortium du Parmigiano-Reggiano, qui impose aussi le stockage 
des formes de fromage pendant au minimum 12 mois avant leur mise en vente.
Il semble difficile que Manjit Singh puisse reprendre la fabrique de M. Cacciali, 
compte tenu des investissements nécessaires, mais sa communauté pourrait 
un jour représenter le salut d'une industrie qui produit 3 millions de fromages par an.

Les producteurs d'OGM cherchent des «ambassadeurs» en Europe

Les géants de l'agroalimentaire, contrariés par la perception négative des cultures d'OGM en Europe, cherchent à enrôler des personnalités pour peser sur le processus de décision afin d'obtenir des autorisations de culture, révèle un document dont l'AFP a obtenu copie vendredi. L'ancien ministre socialiste français Claude Allègre, l'ancien commissaire européen britannique Chris Patten, le chanteur irlandais Bob Geldof, et l'ancien commissaire européen irlandais David Byrne (et non son homonyme chanteur) ont «manifesté leur intérêt» à devenir «ambassadeurs» de la cause des OGM, précise ce document, un mail daté du 5 octobre avec en tête d'EuropaBio, l’association qui représente les intérêts de Monsanto, de BASF et des autres grands groupes du secteur en Europe.
Le mail, une lettre, vante également les possibles adhésions de l'ancien secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, et du journaliste écologiste britannique Mark Lynas à cette initiative, dont le but est d'«aider l'Europe à revoir sa position sur les cultures d'OGM». La chargée de communication de Claude Allègre a indiqué de son côté que l'ancien ministre socialiste n'avait pas «été contacté» par EuropaBio. «Claude Allègre parle des OGM comme il l'entend, mais ne travaillera pas pour une agence de com», a ajouté Sylvie Samuel.

«Les personnes contactées ont manifesté leur intérêt» pour les OGM

Le groupe Monsanto est particulièrement intéressé par l'entreprise, car un de ses produits, le Maïs 810, attend le renouvellement de son autorisation de culture depuis plus d'un an. Or sept pays --la France, l'Allemagne, la Hongrie, la Grèce, le Luxembourg, l'Autriche et la Bulgarie-- ont pris des mesures de sauvegarde pour interdire sa culture sur leur territoire. Tout le processus d'autorisation des mises en culture d'OGM est depuis bloqué. Deux OGM sont cultivés dans l'UE: la pomme de terre OGM Amflora développée par le groupe allemand BASF, en Allemagne et en Suède, et le maïs MON 810 en Espagne, au Portugal, en République Tchèque et en Slovaquie. Des cultivateurs ont demandé quinze autres autorisations, concernant pour la plupart des maïs génétiquement modifiés.
EuropaBio, contactée vendredi par l'AFP, n'a pas caché son embarras après la fuite de ce document classifié «confidentiel», mais a insisté sur le caractère parfaitement légal de l'initiative. «Il n'est pas question de rémunération. Les personnes contactées ont par le passé manifesté publiquement leur intérêt pour cette technologie», a souligné un de ses représentants. «Les adversaires des OGM font de même et il est légitime de vouloir mener un débat», a-t-il ajouté.

Aucune rétribution financière mais des frais couverts

Un document en annexe à ce mail est toutefois embarrassant pour EuropaBio. Il détaille en effet la méthode de travail proposée aux «ambassadeurs», avec cinq options: «une lettre ouverte au Financial Times dans laquelle les signataires appellent l'Europe à revoir sa position», des «rencontres avec les média arrangées par le secrétariat du programme et des articles placés dans des média», des «rencontres» et des «dîners débat» avec des responsables de l'Union européenne à Bruxelles.
«Pour assurer la légitimité et l'impact de ce programme, EuropaBio ou ses représentants ne prendront jamais part à ces activités», insiste le document. «Il n'y aura aucune rétribution financière des ambassadeurs, mais EuropaBio fournira au secrétariat du programme des fonds pour couvrir les dépenses nécessaires, notamment les déplacements et les frais d'hôtel», ajoute le document.Greenpeace a dénoncé «une campagne de relations publiques insultante pour les citoyens européens». «Les organismes génétiquement modifiés ne résoudront pas le problème de la faim dans le monde. C'est un argument qui ne tient pas scientifiquement», a affirmé Marco Contiero, en charge des questions liées à l'agriculture pour Greenpeace UE.
Importé par 20minutes.fr

jeudi 20 octobre 2011

Manif pour le droit des paysans à ressemer et échanger leurs semences...

paysans_semences


Ce 20 octobre, des délégué·e·s de la Coordination européenne « Via Campesina » et d’Uniterre ont manifesté à Genève devant l’Union internationale pour la protection des obtentions végétales (UPOV) qui fêtait son 50e anniversaire. Une centaine de manifestant·e·s, membres d’organisations paysannes et citoyen·ne·s engagés, se sont réunis en face de l’UPOV. Leur mot d’ordre était « Pour la reconnaissance immédiate du droit des paysan·ne·s de ressemer et d’échanger librement leurs semences, les protéger de la biopiraterie et des contaminations par des gènes brevetés. Non à la mainmise des multinationales semencières, au COV de 1991 et à toute forme de brevets sur les plantes, les parties de plantes, leurs gènes ou les procédés d’obtention ».
Des paysan·ne·s de France, Belgique, Allemagne, Autriche, Italie, Espagne, Turquie, Angleterre et Norvège étaient présents. Des paysan·ne·s genevois complétaient la délégation représentant la diversité européenne unie face à l’UPOV.
L’UPOV : coupable d’opacité
 et de parti pris
Depuis 2010, la Coordination européenne Via Campesina et APBREBES (une coalition d’ONG – dont la « Déclaration de Berne » – souhaitant une sélection des plantes au bénéfice de la société) ont obtenu le statut d’observateur à l’UPOV; de haute lutte. Il n’en reste pas moins que l’UPOV déroule le tapis rouge aux grands groupes semenciers et que ce sont les seuls à avoir une réelle possibilité d’orienter les décisions. Le comité consultatif, par exemple, n’est pas ouvert aux observateurs et très peu de documents sont accessibles au public. Le site Internet sommaire en est une illustration frappante…
APBREBES demande avec vigueur que l’UPOV fasse sa mue et devienne plus transparente; les méthodes de travail actuelles sont d’un autre âge […] Pour preuve du malaise de l’UPOV face au manque de représentativité des paysans en son sein, nous avons assisté à un vent de panique de l’UPOV les jours précédant la manifestation: conférence de presse officielle déplacée du bâtiment de l’OMPI à celui de l’ONU, cafétérias fermées entre midi et quatorze heures et délégués priés de ne pas sortir du bâtiment pendant la manif de 11 h 30 à 14 h. Plusieurs fourgons de police parqués dans le quartier à la demande de l’institution. Bref, une mobilisation disproportionnée de l’UPOV qui démontre son manque de liens avec les réalités… et qu’elle a peut-être quelque chose à se reprocher.
Paysans expropriés
En effet, depuis la Convention de l’UPOV de 1991, les droits des paysans à ressemer et échanger leurs semences ont largement été réduits au profit des groupes semenciers. Olivier de Schutter, rapporteur spécial de l’ONU pour le droit à l’alimentation a souligné dans un récent rapport les risques que ce type de réglementation fait courir aux systèmes informels d’échange de semences. Elle affaiblit la sécurité alimentaire et la biodiversité. Il a encouragé les Etats à développer leurs propres systèmes de protection des semences en tenant compte des droits des paysan-ne-s et des besoins spécifiques de chaque population.
« En ce qui concerne les semences, la situation est depuis longtemps intolérable pour les paysans, et cela risque d’empirer. Le problème soulevé ici touche en réalité l’ensemble des citoyens, puisque la question de l’accès, la libre reproduction et l’échange de semences par les paysans est le seul moyen d’éviter que les multinationales, par l’intermédiaire de l’UPOV, ne s’approprient et privatisent par les semences toute la chaîne alimentaire, et donc le vivant », a dit Rudi Berli d’Uniterre lors de la manif.

« Le droit des paysan·ne·s de ressemer et d’échanger leurs semences de ferme est pourtant indispensable à l’adaptation des cultures aux changements climatiques et à l’adaptation locale qui permet seule de diminuer l’usage des engrais et des pesticides chimiques. Il est le garant de la sécurité du stock semencier, et donc de la sécurité alimentaire. Par ailleurs, depuis de trop nombreuses années, les groupes semenciers se sont servis gratuitement dans nos champs, se comportant comme des biopirates. Et ce serait à nous de les indemniser avec des royalties ? C’est tout simplement inacceptable » a déclaré Guy Kastler de la Confédération paysanne française et délégué pour l’Europe à la commission biodiversité et semences de Via Campesina.
« Les paysans et paysannes ont toujours gardé une partie de leur récolte pour la ressemer et l’échanger entre eux. Que l’UPOV le veuille ou non, ils et elles vont continuer à le faire. Il en va de l’avenir de l’agriculture, de la paysannerie et des générations futures. Le droit de garder, semer, et échanger les semences est la base permettant la réalisation de la Souveraineté Alimentaire », a ajouté Josie Riffaud, du comité de la Coordination européenne Via Campesina.
Receleurs et arbre symbolique
Des sachets de semences « illégales » ont été distribués à un certain nombre de candidat·e·s aux élections fédérales. Elles sont illégales car aucune royalties n’est payée aux groupes semenciers. Un petit texte était imprimé sur le sachet : « Ces graines appartiennent à une variété paysanne. L’agriculteur qui les a récoltées devient cependant un contrefacteur s’il les sème sans payer de royalties à l’industrie semencière. Il est interdit d’échanger, de donner ou de vendre ces semences. Celui qui les conserve peut être poursuivi pour recel ». […] Pour les organisateurs du rassemblement, il était important qu’un témoin de cette action reste sur le terrain. Les paysan·ne·s genevois ont donc planté un porte-greffe de poirier sur la plate-bande devant l’institution pour symboliser le fait que les paysans y détiennent désormais le statut d’observateur. Il sera greffé avec un poirier à rissoles le 17 avril, journée internationale des luttes paysannes. La poire à rissole, bien connue des genevois·e·s représente également l’agrobiodiversité que nous souhaitons conserver. Cet arbre est maintenant sous la protection de la Ville de Genève, propriétaire de cette plate-bande.
Valentina Hemmeler Maïga
Uniterre
Article paru dans le numéro 197 du bimensuel solidaritéS

mardi 18 octobre 2011

“Un enfant qui meurt de faim est un enfant assassiné”

Rapporteur spécial de l'ONU pour le droit à l'alimentation entre 2000 et 2008, le sociologue suisse Jean Ziegler* détaille les raisons qui provoquent chaque année la mort de 36 millions d'humains.


Courrier international - Pourquoi avoir écrit ce livre ?

Géopolitique de la faim - A propos de ce livreJean Ziegler - Je me sens libéré, après huit ans passés comme rapporteur spécial pour le droit à l'alimentation de l'ONU. Peut-être aussi par mauvaise conscience… 70 millions de personnes meurent tous les ans dans le monde, dont la moitié à cause de la faim et de ses conséquences. Ce massacre est le scandale de notre siècle. C'est le Programme alimentaire mondial (PAM) qui le dit : toutes les 5 secondes, un enfant en dessous de 10 ans meurt de faim ; 37 000 personnes meurent de faim chaque jour et, sur les 7 milliards de personnes que nous sommes, presque un milliard sont en permanence sous-alimentés. Ils n'ont pas de vie sexuelle, pas de travail…ils sont mutilés par la faim, alors qu'il n'y a plus de manque objectif de nourriture : il y a un manque d'accès à la nourriture. C'est pour cela que je dit qu'avec les moyens dont nous disposons, un enfant qui meurt de faim est un enfant assassiné. 

Pourquoi meurt-on encore de faim alors ?

Il y a cinq grandes causes, qui se croisent parfois et toutes sont le fait de la main de l'homme. 

Il y a d'abord la spéculation financière sur les matières premières alimentaires. Après avoir perdu 85 000 milliards dans le krach financier de 2007-2008, les grands fonds d'investissements ont migré sur les marchés alimentaires, esentiellement le riz, le maïs et le blé, les aliments de base, qui couvrent 75% de l'alimentation mondiale. Ils font exploser les prix de ces denrées. Dans ces conditions, il est difficile pour les agences d'aide comme le PAM de subvenir aux besoins des populations victimes de sous-alimentation : leurs budgets, déjà sapés par la réduction des contributions des Etats pour cause de rigueur budgétaire, sont réduits à la portion congrue.Dans la Corne d'Afrique, où sévit une famine particulièrement grave, 12,4 millions de personnes sont menacées de disparaître. Et le PAM est obligé de refuser de fournir de l'aide faute de moyens suffisants. 

Il y a ensuite les agrocarburants. Si Barack Obama veut faire un minimum de réformes sociales, il est obligé de réduire le budget du Pentagone. Et il ne peut le faire qu'en réduisant la part des énergies fossiles dans la production d'énergie — qui oblige les Etats-Unis à entretenir une armée colossale afin de sécuriser son aprovisionnement — à la faveur des biocarburants. Mais brûler des plantes nourricières, c'est un crime intolérable. Il faut interdire les agrocarburants tirés de plantes nourricières demain matin. 

Troisièmement, il y a la dette extérieure, qui est un garrot pour les plus pauvres et qui fait que les Etats ne sont plus en mesure d'investir dans l'agriculture de subsistance. L'Ethiopie, par exemple — un million de kilomètres carrés, dont seuls 3,8% sont irrigués ; il n'y a ni tracteurs, ni engrais, ni semences sélectionnées — n'exporte que du café, et tous les revenus servent à financer la dette extérieure. 

Ensuite, le dumping agricole : l'année dernière, les pays de l'OCDE ont versé 349 milliards de dollars à titre de subsides à la production et à l'exportation à leurs paysans. Résultat : sur n'importe quel marché africain, on peut acheter des fruits, des poulets et des légumes français, grecs, portugais, allemands etc. au tiers ou à la moitié du prix du produit africain équivalent. A quelques kilomètres de là, le paysan africain qui cultive son lopin de terre n'a pas la moindre chance de vendre ses fruits ou ses légumes à des prix compétitifs. 

Enfin, il y a le vol de terres. L'année dernière, dans la seule Afrique noire, 41 millions d'hectares ont été accaparés dans l'opacité la plus totale. Des terres arables soustraites aux paysans locaux par les hedge funds et les fonds souverains, et payés en grande partie par la Banque mondiale, par la Banque européenne d'investissements et par la Banque africaine de développement — des banques publiques, financées par le contribuable. Et la théorie de la Banque mondiale, contre laquelle je me bats au Conseil des droits de l'homme - sans aucune efficacité je dois l'avouer -, c'est de dire que puisque le rendement des terres arables dans ces pays est très bas, il vaut mieux en confier l'exploitation aux sociétés occidentales qui ont les capitaux, les engrais, les semences sélectionnées et les machines pour obtenir des rendements dix à vingt fois supérieurs. Et que les Etats concernés se débrouillent pour recaser les paysans expropriés. Quant aux habitants, il ne voient pas la couleur de ce qui est cultivé dans leur propre pays : tout part à l'exportation, vers les pays où se trouve le pouvoir d'achat. 


Quelles solutions préconisez-vous ?

Les paysans africains — ou écuadoriens ou mongols — ne sont pas moins futés, compétents ou travailleurs que leurs homologues français ou italien. Mais ils manquent de moyens. Pour que la faim cesse, il faut investir dans l'agriculture de subsistance ; désendetter les pays pauvres et les mettre en condition d'acheter des semences, des tracteurs, des engrais, des animaux de traction, dans l'irrigation, dans l'ouverture des marchés locaux, etc. avec l'aide de la Banque mondiale, qui est quand-même là pour aider les pauvres, pas les multinationales à s'enrichir, bon sang ! 


L'avenir paraît sombre…

Il y a un espoir, qui naît des révoltes paysannes de par le monde : en Mongolie, avec l'insurrection dans la région du Selenge ; au Sénégal, avec l'occupation des terres de Bolloré ou de la Compagnie Fruitière de Marseille par les syndicats paysans ; au nord du Brésil, il y a des affrontements entre paysans et forces de l'ordre, en Colombie, aux Philippines,…c'est une résistance paysanne, où ceux qui n'attendent plus rien ni de leur Etat, ni de l'ONU, ni de personne veulent récupérer leurs terres. Et si nous réussissons, avec ce livre, à favoriser l'insurrection des consciences en Europe, la solidarité avec les mouvements insurrectionnels paysans va se faire et l'ordre cannibale du monde finira par tomber.
Note :*Vice-président du comité consultatif du conseil des droits de l'homme des Nations unies, Jean Ziegler vient de publier Destruction massive. Géopolitique de la faim*. (éditions du Seuil, 2011). Son roman L'or du Maniema vient également d'être réédité au Seuil.

Blé Ogm - Le semencier Vilmorin vise la place de leader

Le semencier français Vilmorin ambitionne d'être d'ici une quinzaine d'années le numéro un mondial des semences de blé, en développant la version Ogm de cette céréale, a annoncé mercredi Emmanuel Rougier, directeur général délégué du groupe.
Vilmorin est déjà le premier fournisseur de cette semence en Europe et compte s'appuyer sur ce marché pour se lancer à l'assaut des Etats-Unis, son "premier marché cible", a souligné M. Rougier lors de la présentation des résultats annuels du quatrième groupe mondial du secteur.
"Le blé a été longtemps délaissé et n'a pas bénéficié des efforts de recherche Ogm dont ont profité d'autres cultures comme le soja ou le maïs pour optimiser leur production", a-t-il expliqué. Même en Europe les agriculteurs sont nombreux à utiliser des "semences de ferme", issues de la précédente récolte. Or ces semences n'ont pas un rendement suffisant pour répondre aux besoins alimentaires, a fait valoir M. Rougier.
L'objectif de Vilmorin est de "contribuer à la conversion d'un marché de semences de ferme peu performant et faiblement valorisé, en un marché de semences commerciales de blé Ogm, puis d'hybrides à haut rendement", a affirmé le semencier. Vilmorin s'appuiera sur le "partenariat stratégique" conclu avec la société américaine Arcadia Biosciences pour la mise au point d'un blé génétiquement modifié qui devrait voir le jour vers 2020, a affirmé M. Rougier. Signé début 2011, cet accord doit aboutir à la création d'un blé optimisant la consommation d'azote ainsi que celle de l'eau.
Le blé est la première céréale au monde en termes de surfaces cultivées avec 223 millions d'hectares mais le maïs est la première espèce produite au monde avec 824 millions de tonnes. Aujourd'hui le maïs est le premier marché de semences au monde en valeur avec un acteur de poids comme l'américain Monsanto. 48% de la valeur du marché mondial des Ogm sont des semences de maïs, a relevé M. Rougier. La France comme six autres pays européens ont décidé la suspension de la culture du maïs génétiquement modifié de Monsanto, une décision que la Cour de justice européenne (Cej) a qualifié début septembre d"illégale".
Source : Afp

OGM – Lourdes condamnations pour les faucheurs à Colmar


Après la condamnation des faucheurs de plants de vigne transgéniques vendredi dernier à Colmar, les militants anti-OGM comme l’Inra se réservent la possibilité de faire appel de ce jugement. La justice a condamné les faucheurs volontaires à des peines de prison avec sursis et à 57.000 euros d’amendes.
La plupart des 60 militants anti-OGM qui avaient détruit l'an dernier une parcelle de vigne transgénique expérimentale dans le Haut-Rhin ont été condamnés à 2 mois de prison avec sursis par le tribunal correctionnel de Colmar. Six d'entre eux, déjà soumis à une peine avec sursis pour des faits comparables, ont été condamnés à 1.200 euros d'amende.
Par ailleurs, le tribunal a condamné les prévenus à verser au total quelque 57.000 euros à l'Institut national de la recherche agronomique, dont 50.000 euros au titre du préjudice scientifique causé par leur action, alors que l’Inra demandait 500.000 euros. Les activistes avaient totalement détruit le 15 août 2010, une parcelle expérimentale de plusieurs dizaines de pieds de vignes OGM, plantés par l’Inra, à Colmar.