vendredi 22 juin 2012

Quand l’industrie de la viande dévore la planète


Les projections démographiques moyennes de l’Organisation des Nations unies (ONU) montrent que la planète accueillera neuf milliards de personnes en 2050, date à laquelle la population mondiale commencera à se stabiliser. Un vent de panique souffle sur la planète, certains Etats agitant le spectre de la surpopulation… Y aura-t-il alors suffisamment de ressources et de nourriture pour tous alors que déjà, en 2011, plus d’un milliard de personnes ne mangent pas à leur faim ?


Depuis quelques années, les pays qui craignent une pénurie se sont lancés dans une course effrénée pour acquérir de nouvelles terres arables que se disputent les industries de l’agroalimentaire et des agrocarburants. Et une violente controverse oppose ceux qui veulent utiliser les produits agricoles pour faire tourner les moteurs à ceux qui préféreraient qu’on nourrisse les êtres humains.


Mais peu dénoncent un business encore plus vorace en ressources naturelles, en produits agricoles et en espace : celui de l’industrie de la viande.


lire la suite: http://blog.mondediplo.net/2012-06-21-Quand-l-industrie-de-la-viande-devore-la-planete 

mardi 12 juin 2012

Vers un hold-up des multinationales sur les semences paysannes ?


Des milliers de variétés de semences pourraient être privatisées. Cela se passe en Inde, où les multinationales Monsanto, Syngenta, ou la française Limagrain, tentent de s’accaparer ce bien commun. De quoi mettre en péril la souveraineté alimentaire de l’Inde, dont les variétés végétales ancestrales seraient brevetées et privatisées par les multinationales de biotechnologies. L’écologiste indienne Vandana Shiva sonne la contre-attaque.
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40 000 variétés de semences en Inde pourraient tomber entre les mains des multinationales. C’est ce que révèle un article de l’édition indienne du Wall Street Journal du 18 mai. Dans un entretien, Swapan K. Datta, chercheur en génie génétique et directeur général adjoint du Conseil indien de recherche agricole (Icar) propose d’« offrir » aux multinationales l’immense banque de gènes nationale. La contrepartie ? « Bénéficier de l’expertise des multinationales en vue de développer des semences à rendements plus élevés pour les agriculteurs indiens ». Ces semences « améliorées » sont celles présentées par les firmes de biotechnologies comme résistantes à la sécheresse et aux aléas climatiques [1].

M. Datta évoque aussi « le partage des profits » et « la conquête d’un marché des semences », évalué à 200 milliards de dollars. « Vendre notre banque de gènes, c’est mettre en péril notre souveraineté alimentaire », s’insurge la militante écologiste indienne Vandana Shiva« Il est complètement ridicule de considérer les institutions publiques indiennes comme étant en mesure de conquérir le marché mondial des semences, alors même que le marché des semences indien est confisqué par d’autres ». Dix firmes contrôlent les deux tiers du marché mondial de la semence, et 65 % des brevets et produits issus des biotechnologies agricoles dans le monde, selon le rapport 2009 du think-tank canadien ETC Group.

Monsanto, Syngenta, Limagrain... à l’assaut de la biodiversité

Parmi ces firmes, les américaines Monsanto et Dupont, la suisse Syngenta et la française Limagrain. Toutes s’intéressent aux banques de semences de variétés végétales, collectées dans les champs et stockées en chambres froides depuis les années 50. Cette conservation des variétés ex situ, c’est à dire « hors site », s’inscrit dans le cadre de politiques publiques visant initialement à garantir la sécurité alimentaire. Face aux changements climatiques, conserver les vieilles variétés donne la possibilité de puiser à tout moment dans l’ancien matériel génétique et ainsi de renouveler les variétés plantées. On compte aujourd’hui 1 500 banques de gènes dans le monde. Mais un demi-siècle après leur création, les gouvernements se retirent massivement de leur fonctionnement, pour laisser la place aux multinationales. Cette privatisation progressive des conservatoires de semences en font un réservoir de gènes pour les semenciers privés.

« Ce que propose le Dr Datta, c’est la légalisation de la biopiraterie, autrement dit la piraterie de la biodiversité à travers des brevets », résume Vandana Shiva. Une société américaine, W.R. Grace, s’est déjà illustrée dans une affaire de biopiraterie avec le Neem, également appelé le margousier des Indes. La compagnie avait déposé auprès de l’Office européen des brevets (OEB), une demande de brevet portant sur une propriété fongicide du margousier en vue de la fabrication d’un pesticide. Des propriétés connues depuis des millénaires par les communautés autochtones. C’est au terme d’une longue bataille juridique que l’OEB a rejeté en 2005 cette demande de brevet.

Privatisation des ses savoirs traditionnels

Une autre bataille se livre actuellement entre l’Autorité nationale de la biodiversité indienne et le géant agroalimentaire Monsanto. Ce dernier a utilisé – sans autorisation – une dizaine de variétés locales d’aubergines pour développer l’aubergine Bt, génétiquement modifiée, afin de produire un insecticide. Cette aubergine, protégée par un brevet, pourrait privatiser le travail millénaire et les savoirs ancestraux des populations qui ont permis la sélection de variétés adaptées aux besoins locaux. « Les communautés ne vont pas rester assises à regarder le matériel génétique qu’eux et leurs ancêtres ont fait évoluer, remplir les poches d’entreprises ou d’entités privées », promet Vandana Shiva.
© Guillaume de Crop

Chaque semence ayant rejoint la banque de gènes est un produit naturel, qui a pu évoluer du fait d’interventions humaines. « Ce ne sont pas les multinationales qui ont créé des variétés résistantes au changement climatique, assure Vandana Shiva. Elles les ont volées aux communautés paysannes qui ont fait évoluer ces semences au cours des millénaires ». Les organismes publics comme l’ICAR sont donc dépositaires d’un matériel génétique inestimable qui n’a pas vocation à être mis aux enchères.

Maintenir des variétés, un travail pour l’humanité

Fondatrice de Navdanya, association pour la conservation de la biodiversité et la protection des droits des paysans, Vandana Shiva contribue avec plus de 10 000 paysans d’Inde, du Pakistan, du Tibet, du Népal et du Bangladesh à une banque de semences traditionnelles. Ces semences sont données aux paysans qui veulent revenir à une agriculture biologique. Comme l’explique le réseau Semences paysannes« c’est seulement en gardant la liberté de sélectionner leurs semences que les paysans peuvent choisir les modes de production et de transformation qu’ils souhaitent et aussi se prémunir contre la contamination par des organismes génétiquement modifiés ».

« Ces 40 000 variétés de plantes ne sont ni la propriété du Dr Datta, ni même du gouvernement, souligne l’écologiste indienne. Elles sont une propriété collective ». En fondant Navdanya en Inde, Vandana Shiva propose une alternative non lucrative à la mainmise privée sur le vivant. En France aussi, les maisons de la semence se développent [2]. Elles visent à protéger et à gérer les semences collectivement et localement, et à garantir que ce patrimoine commun reste disponible. « Et si les milliards d’euros aujourd’hui consacrés aux recherches en biotechnologies végétales étaient reconvertis pour financer massivement la conservation dynamique des variétés paysannes ? », propose le Réseau semences paysannes. Une mesure qui ne réjouira certainement pas Monsanto et consorts.

Sophie Chapelle
Photo de une : source© Bio d’Aquitaine
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En savoir plus

La lettre ouverte (en anglais) rédigée par Vandana Shiva à l’attention du Dr Datta est en ligne ici.


http://www.bastamag.net/article2435.html

mardi 22 mai 2012

Grèce : vers une révolution agricole alternative ?

Par 

TutorPoolBoroumela révolution des patates sont des exemples de ce que la société grecque à créé, contrainte de trouver des solutions alternatives face à la baisse des salaires et des retraites, conjuguée à des prix à la consommation souvent bien plus chers que dans d’autres pays européens. Avec un salaire minimum (quand celui ci est payé) à 445€ par mois et un loyer à Athènes de 300€ par mois, il devient évident que d’autres solutions sont nécessaires pour survivre, surtout quand on sait que le paiement des impôts commence dès 5000€ de salaire annuel. Une équation impossible à résoudre pour nombre de foyers grecs.
TutorPool est un site (créé avec des outils open source) qui permet à chacun de proposer d’aider bénévolement des élèves dans son domaine de compétence. Lors de sa création, le site a remporté un très vif succès, comme Boroume qui propose de récupérer des invendus dans les hôtels et restaurants pour les proposer aux citoyens les plus affaiblis par la crise. Un hôtel de la place Syntagma propose d’ailleurs dans ce cadre 40 repas par jours. Une solidarité en plein essor et très éloignée du nombrilisme d’avant la crise.
La dernière nouveauté grecque : une AMAP en ligne. Le même système qu’en France, mais déployé à grande échelle via une plateforme internet. Gine Agrotis (« Devient agriculteur ») propose une inscription pour les agriculteurs qui souhaitent vendre sans intermédiaire et un abonnement pour les consommateurs.
Gine Agiotis a un but simple :
Qui sommes nous ?
Le projet est une tentative de mise en réseau et de communication entre les agriculteurs grecs et les consommateurs ruraux et des centres urbains.
Nous avons commencé notre projet ambitieux de réorganisation, dans le but de renverser, de «casser» le marché et d’offrir un service innovant en créant un outil qui permet de mettre en contact direct. L’idée est venue de Dimitris Koutsolioutsos, qui a assemblé une équipe composée de personnes ayant une vision commune d’ »une meilleure qualité de vie dans le s centres urbains. »
Le Service proposé :
Le concept vise essentiellement à promouvoir le concept de « Farmer exclusive » à chaque famille.
Les jeunes agriculteurs, s’engagent au nom des consommateurs, à la culture et à la production de tous les légumes et les fruits de saison, selon les principes de l’agriculture biologique
Le projet est systématiquement contrôlée par les QWAYS  (www.qways.gr), qui a pris la décision de certifier progressivement toutes les cultures et la distribution des marchandises.
(…)
Les utilisateurs enregistrés peuvent adopter un olivier et profiter de toute la production annuelle de leur propre arbre. 
Chaque consommateur choisit son producteur en fonction de sa zone géographique et reçoit son panier chaque semaine.
Ce type de consommation alternative a de grandes chances d’avoir un succès très rapide en Grèce. Espérons le, car le pays, miné par la crise et régulièrement décrié par ses voisins, pourrait donner une vraie leçon de croissance verte et d’économie locale éthique.
L’autre intérêt de Gine Agrotis est de promouvoir l’agriculture biologique chez les jeunes, à l’heure où plus de 50% d’entre eux sont sans emploi. Une possibilité donc de développer l’agriculture biologique et de permettre aux jeunes de créer leur propre activité en limitant le risque de subir les prix des grossistes et des grandes surfaces !
Vers une révolution de l’agriculture biologique ? Espérons-le !


http://www.okeanews.fr/grce-vers-une-rvolution-agricole-alternative/

vendredi 18 mai 2012

L'Accaparement de terres: En Amérique latine, il y a effectivement de l’accaparement de terres.


Les 120 membres de mouvements et d’organisations sociales d’Amérique latine et des Caraïbes qui se sont rassemblés à Buenos Aires du 22 au 25 mars dans le cadre de la IIIe Conférence spéciale pour la souveraineté alimentaire (antérieure à la 32e Conférence régionale de la FAO — Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture) ont émis la Déclaration de Buenos Aires, dans laquelle ils questionnent la position adoptée par la FAO en ce qui a trait à l’accaparement de terres en Amérique latine. 
Cette conférence a été organisée par le CIP [1], soit le Comité international de planification pour la souveraineté alimentaire. Pendant 4 jours, plus de 100 organisations sociales provenant de plus de 20 pays d’Amérique latine ont débattu des problématiques les plus pressantes dans le continent, ainsi que de leurs propositions politiques et solutions possibles en faveur de la souveraineté alimentaire.
La problématique de la terre a pris une place primordiale dans tous les débats. Celle de l’accaparement des terres s’est avérée l’une des principales barrières au développement de la souveraineté alimentaire. 
C’est pour cette raison que la présentation de la FAO, qui soulignait de récentes études sur l’accaparement de terres où l’on décrit le phénomène du land grabbing comme en étant à ses débuts et se limitant seulement à deux grands pays, soit l’Argentine et le Brésil, a alarmé les participants. Il a même suscité d’importants questionnements sur la position de la FAO dans le document final. 

Antécédents 

Devant l’accaparement global de terres qui prend place actuellement, la FAO encourage « l’investissement agricole responsable » en proposant « la création d’un consensus international sur les principes pour l’investissement agricole responsable (Principes IAR) [2] en collaboration avec d’autres institutions telles que UNCTAD (Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le Développement), le Fonds international du développement agricole (FIDA) et la Banque Mondiale.
Pendant le Forum social mondial de Dakar [3] et devant de telles propositions, les organisations de la société civile ont formulé l’Appel de Dakar contre l’accaparement de terres. Dans cet appel, on demande au Comité de sécurité alimentaire mondiale (CFS) de rejeter les principes d’investissement agricole responsable, car ils sont considérés comme un moyen illégitime et inapproprié pour confronter le phénomène de l’accaparement de terres.
En 2009, dans le contexte de la crise alimentaire globale, la FAO, l’IFAD et l’IIED (Institut international de l’environnement et du développement) ont publié un étude sur le progrès du phénomène du land grabbing, ou l’accaparement de terres en Afrique.  
Dans ce contexte, le Bureau régional de la FAO pour l’Amérique latine et les Caraïbes (RLC), a pris l’initiative de chercher des antécédents qui permettraient de vérifier dans quelle mesure le phénomène de l’accaparement de terres se manifestait en Amérique latine, le cas échéant.
Ayant cet objectif à l’esprit, la RLC a commissionné l’élaboration d’études nationales sur la dynamique de la concentration de terres pendant le dernier quinquennat, et ce, dans dix-sept pays de la région. 
Le 14 et 15 novembre 2011, la FAO a convoqué à Santiago, au Chili, une rencontre nommée « Dynamiques dans le marché de la terre en Amérique latine et les Caraïbes ». Les conclusions de ces études y ont été présentées, de même que la conclusion antérieurement mentionnée. 

Est-ce une question de public vs le privé ?

Selon les mouvements sociaux établis à Buenos Aires, ce travail de la FAO « montre un très grave aperçu de la situation de la terre en Amérique latine, ainsi que du processus d’internationalisation et d’accaparement qui a lieu autant dans la production d’aliments de base que dans les biocarburants, la production forestière, le tourisme, l’exploitation minière ou la préservation ». 
Ce qui a été étonnant, c’est le rapport final qui conclut que le phénomène du land grabbing(accaparement de terres) se trouve en phase initiale et limité à seulement deux grands pays, soit l’Argentine et le Brésil. Selon les organisations sociales, « ces conclusions sont le résultat d’une application des critères d’accaparement en un sens très limité : acquisition de larges étendues de terre destinées à la production d’aliments dans laquelle on retrouve au moins un gouvernement étranger parmi les agents/acteurs intervenants ». En effet, le bureau régional de la FAO en Amérique latine considère qu’on ne peut pas parler d’accaparement de terres lorsqu’il s’agit d’investisseurs privés. Selon la FAO, il ne peut y avoir accaparement que lorsqu’un investisseur souverain (d’État) y est impliqué.  
Un grand nombre d’organisations de la société civile ne peuvent accepter cette position. Il vaudrait la peine de souligner que des arguments similaires émergent ailleurs dans le monde dans le but de limiter le débat. En Australie, par exemple, où 12 % des terres agricoles reposent entre les mains d’investisseurs étrangers, certains groupes tentent de faire la différence entre les investisseurs privés et les investisseurs souverains afin de limiter la recherche de meilleurs contrôles et régulations uniquement au secteur public. Comme si l’investissement privé était quelque chose d’incontestable, ce qui fait bouger le monde. 
La prise de contrôle de vastes étendues de terres, de territoires et des droits qui y sont liés représente un problème pour le groupe Beidahuang (une entreprise d’État dans la province de Heioljiang) ou Hassad Food (crée par le gouvernement du Qatar) ou même pour une entreprise comme CalyxAgro (subsidiaire du groupe français Lois Dreyfus Commodities) ou Adecoagro (dirigé par l’investisseur américain hongrois George Soros).
Parmi les principales causes expliquant le développement de l’accaparement de terres en Amérique latine se trouve l’avancée brutale du l'agro-industrie dans tout le continent. C’est le même l'agro-industrie qui a mené l’humanité à la somme inédite de un milliard d’affamés. Il faut aussi souligner le rôle que joue l’exploitation minière dans des pays tels que l’Argentine, le Chili, le Pérou, l’Équateur, le Costa Rica, le Mexique et le Guatemala. D’égales importances, on retrouve les mégas projets hydroélectriques et les initiatives touristiques de grande envergure qui s’approprient des espaces communs. Finalement, parmi les causes d’accaparement de terres en Amérique latine, il est important de mentionner les fausses solutions au changement climatique, tels que les projets REDD+ et les plantations de monocultures pour la production de biomasse à des fins énergétiques. 
Les groupes rassemblés à Buenos Aires ont également abordé les problèmes que posent un autre rapport daté de juillet 2011, intitulé Rapport du groupe d’experts de haut niveau du comité de sécurité alimentaire mondiale (CFS) sur la possession de la terre et les investissements internationaux en agriculture. Cet autre rapport, proposé pour agir comme guide à l’intérieur du débat, passe d’une simple dénonciation du land grabbing à la reconnaissance du potentiel des investissements étrangers dans les terres.

Ce qui est fondamental, ce n’est pas de trouver la définition

La Déclaration [4] qui fut présentée cette semaine à la 32e Conférence régionale de la FAO aborde la question de l’accaparement de terres comme suit :
« Nous manifestons notre désaccord avec le rapport final élaboré par la FAO-ALC, intituléDynamiques sur le marché des terres en Amérique latine et les Caraïbes, où l’on déclare que le phénomène du land grabbing (accaparement de terres) se trouve en phase initiale et qu’il se limite à seulement deux grands pays, soit l’Argentine et le Brésil. Ces conclusions sont le résultat d’une application très limitée des critères d’accaparement : acquisition de larges étendues de terre destinées à la production d’aliments dans laquelle on retrouve au moins un gouvernement étranger parmi les agents/acteurs intervenants. En plus, ce document qui propose le document daté de juillet 2011 intitulé Rapport du Groupe d’experts du Comité de haut niveau sur la sécurité alimentaire mondiale (CSA) sur la possession de la terre et les investissements internationaux dans l’agriculture pour servir de guide à l’intérieur du débat, passe d’une simple dénonciation de l’accaparement de terres à la reconnaissance du potentiel des investissements étrangers dans les terres.
Bien que les documents inclus dans le rapport de la FAO-ALC montrent un très grave aperçu de la situation de la terre en Amérique latine et dans les Caraïbes, ainsi que du processus d’internationalisation et d’accaparement qui a lieu autant dans la production d’aliments de base que dans les biocarburants, la production forestière, le tourisme, l’exploitation minière ou la préservation, nous comprenons que ces conclusions sont extrêmement dangereuses puisqu’on occulte et estompe, derrière une supposée rigueur scientifique et terminologique, un grave problème en ce qui concerne les superficies accaparées et les effets néfastes de l’accaparement sur les économies locales et sur la vie de millions de paysans de descendance africaine, d’autochtones, de petits entrepreneurs agricoles et de pêcheurs. »  
« Nous luttons contre l’accaparement des terres dans le monde entier à partir des organisations et des mouvements sociaux. Nous exigeons que la FAO-ALC reconsidère d’urgence cette position en écoutant les voix et les demandes des peuples et qu’elle ajuste ses actions devant le processus mis en place par la FAO à l’échelle internationale. Ce qui est important, ce n’est pas de trouver la meilleure définition de ce qui constitue ‘l’accaparement de terres’, mais bien de mettre fin, de toute urgence, au processus qui expulse quotidiennement les peuples de leurs territoires.
Dans ce sens, nous rejetons également la définition de ‘forêts’ établie par la FAO, car elle encourage l’accaparement de terres pour y établir de vastes monocultures. Permettre de les définir comme des ‘forêts’ ne fait que légitimer la monoculture à l’échelle industrielle, responsable des innombrables effets négatifs, incluant l’expulsion des communautés paysannes et autochtones. »

Dire non à tous les accaparements

GRAIN, de même que des centaines d’organisations sociales, est convaincu que la seule solution pour mettre un terme à l’accaparement de terres à l’échelle mondiale tout en suivant les propositions de l’Appel de Dakar, c’est d’en appeler aux parlements et aux gouvernements nationaux pour mettre une fin immédiate à tous les accaparements massifs de terres actuelles ou futures, et de restituer les terres volées.  
Le récent rapport de GRAIN [5], qui expose plus de 400 cas d’accaparements de terres sur une surface de près de 35 millions d’hectares dans 66 pays, est très éloquent à cet égard. Il est important de noter que parmi les cas répertoriés, des dizaines se trouvent en Amérique latine.

 Plus de renseignements 

1 - Comité international de planification pour la souveraineté alimentaire (CIP)  www.foodsovereignty.org/fr
2 - Investissements agricoles étrangers et sécurité alimentaire www.fao.org/economic/est/issues/investissements-etrangers-dans-lagriculture/fr/
3 - Appel de Dakar contre l’accaparement de terres www.dakarappeal.org/index.php/fr/
4 - Déclaration de la IIIe Conférence spéciale pour la souveraineté alimentaire pour les droits et pour la vie. www.radiomundoreal.fm/5319-solucion-verdadera
5 -GRAIN publie un ensemble de données comprenant plus 400 cas d’accaparements de terres agricoles à l’échelle mondiale.  /e/4482