samedi 6 août 2011

Le prix du lait tiré par la demande chinoise de beurre


samedi 06.08.2011, 05:09La Voix du Nord
L'année 2011 est un très bon cru pour les producteurs de lait. Les négociations ...
du mois d'août 2010 ont pesé dans la balance mais c'est surtout le cours mondial du beurre, particulièrement élevé, qui participe à gonfler les cours. Or, le prix du beurre et de la poudre est corrélé à celui du lait. Les pays en forte croissance, comme la Chine, contribuent à cette envolée, et ce malgré la faiblesse du dollar par rapport à l'euro, qui pénalise les éleveurs européens. « La volatilité des cours, que ce soit celui du lait, ou celui des céréales (nécessaires pour nourrir les animaux), constitue un véritable problème, note Vincent Faidherbe. Il va falloir apprendre à mettre de l'argent de côté les bonnes années, pour tenir quand le prix va baisser. » En 2009 puis en 2010, années où la protestation avait atteint son paroxysme, les éleveurs avaient déversé du lait dans les villes. Les prix s'établissaient alors entre 270 et 305 euros les mille litres. En juillet 2011, ils ont atteint 355 euros. Un bol d'air pour des agriculteurs qui ne roulent pas sur l'or. « Avec la production de lait et mes autres cultures (chicorée, betterave, céréales), moi et mon frère parvenons à dégager chacun environ un smic et demi, duquel il faut retirer les charges. »

Un quota de 420 000 litres

L'avenir s'annonce bien incertain. Actuellement, le système européen repose sur des quotas. Chaque exploitation ne peut dépasser un seuil, fixé à l'avance. Pour Vincent Faidherbe, c'est 420 000 litres par an. Cela évite que l'offre soit supérieure à la demande et que les prix ne s'effondrent.
Or en 2015, l'Union européenne va libéraliser le marché et supprimer ces quotas. « Les Allemands et les Danois sont prêts à produire beaucoup plus, au risque que tout le monde y perde. » Rien qu'en France, les prix élevés actuels incitent les éleveurs à produire un maximum (+ 7 % sur le début de l'année). Pour cela, petite astuce, faire vêler les vaches au moment où le cours est le plus haut. Elles produisent alors cinquante litres par jour contre seulement une vingtaine, six mois après avoir mis bas. « Du coup, je suis en avance sur mes quotas et je vais devoir ralentir la production d'ici la fin de l'année ou bien vendre des vaches pour m'ajuster », explique l'agriculteur de Somain.
Sans quotas, tout le monde agira à sa guise. Les syndicats agricoles, très divisés actuellement entre FNPL (qui dépend de la FNSEA, marqué à droite) et APLI (producteurs indépendants, marqué à gauche), s'accordent sur une chose. Leur salut passera a minima par l'union entre producteurs pour faire entendre leurs voix.
SY. L.