vendredi 12 août 2011

Du vrai délire alimentaire!



Il semble facile de déplacer toute une armée et son matériel militaire dans un pays considéré comme revêche aux yeux des Occidentaux. Mais les grands de ce monde (FMI, Banque mondiale...) peinent toujours à résoudre la façon d'acheminer de la nourriture à 12 millions d'Africains aux prises avec une famine sans précédent. Une famine causée par une sécheresse qui, elle, n'est pas le seul fait d'une nature capricieuse. Aberrant!
Et qui plus est, selon un rapport publié par l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), le tiers des aliments produits dans le monde, soit 1,3 milliard de tonnes, est gaspillé.
De même, on y apprend que les Nord-Américains sont les champions de ce gaspillage : 115 kilos de nourriture par année, par personne. Dans la corne de l'Afrique, avant la famine, ce chiffre était de 6 kilos.
Au Canada, selon une étude de l'Université de Guelph, 5 millions de tonnes d'aliments sains sont gaspillées par année. Aberrant est un mot bien trop faible!
Si la mondialisation, grâce à toutes sortes de technologies avancées, a réduit la Terre à l'état de « village planétaire », comment se fait-il que l'on soit incapables de faire profiter les pays du Sud de ce surplus alimentaire? Job a de quoi se retourner plusieurs fois dans sa tombe!
Aberration
Toujours selon le FAO, les Britanniques poussent même l'aberration et la fronde jusqu'à éliminer 25 à 30 % de leurs carottes parce que, tenez-vous bien, celles-ci ont un défaut esthétique. Une courbure, imaginez donc! Ce qui les rend difficiles à peler. On découvre dans le rapport du FAO d'autres chiffres tout aussi délirants.
Ici, en Amérique du Nord, nous mangeons beaucoup, même trop pour un certain nombre, quoique de mieux en mieux pour un nombre grandissant.
Pendant qu'en Afrique, les enfants meurent comme des mouches, ici l'inconscience du consommateur face à l'importance des aliments est sans limites. Et par-dessus le marché, on n'a pas idée de la quantité de ressources (eau, sol fertile, énergie, force de travail, argent) qui sont dilapidées à cause de notre insouciance.
Il existe pourtant des moyens pour réduire les immenses écarts entre le Nord et le Sud. À commencer par consacrer moins d'argent pour faire la guerre et plus pour combattre la faim dans le monde. À quand la mise sur pied d'une taxe sur les transactions boursières? Est-il normal que 5 % des individus de la planète possèdent 40 % des richesses?
Si Dieu existe, il est injuste, pas du tout magnanime, encore moins miséricordieux.
À la prochaine bouchée de pain que je vais me mettre sous la dent, j'aurai une pensée pour les millions de suppliciés qui souffrent de la faim dans le monde, de même que pour mon bac vert toujours trop gourmand, sans oublier mon obole à la Croix rouge internationale. Et vous?
Marcel Lapointe


Source: http://www.cyberpresse.ca/le-quotidien/opinions/201108/12/01-4425455-du-vrai-delire-alimentaire.php