jeudi 29 septembre 2011

Terres agricoles: La ruée sur les terres agricoles accroît la pauvreté

OXFAM - La ruée sur les terres agricoles accroît la pauvreté. Dans le cadre de sa campagne cCultivons, Oxfam lance aujourd'hui un nouveau rapport, intitulé Terres et pouvoirs, attirant l'attention sur l'accélération des transactions foncières dans le monde, menées sans consultation préalable, sans dédommagement ni voie de recours possible, et parfois dans la violence. Dans ce rapport, Oxfam dénonce l'effet catastrophique de l'accaparement des terres qui prive les communautés vulnérables de leurs toits et moyens de subsistance. Ce phénomène affecte notamment les femmes, qui produisent jusqu'à 80 % des denrées alimentaires dans certains pays, et dont l'accès à la terre demeure encore faiblement sécurisé.

Ce rapport révèle aussi que depuis 2001, 227 millions d'hectares ont été vendus, loués ou concédés dans le cadre de transactions foncières à grande échelle et, dans la majorité des cas, à des investisseurs internationaux. Malgré le manque de transparence et le secret entourant ces transactions, des recoupements ont, à ce jour, permis d'établir que 1 100 transactions portent à elles seules sur 67 millions d'hectares dont la moitié en Afrique, soit plus ou moins la superficie de l'Allemagne. « En Afrique de l'Ouest, de nombreux cas d'accaparement de terres par des investisseurs étrangers et les élites locales ont été répertoriés par des organisations partenaires d'Oxfam. Ces transactions qui ne tiennent pas compte des besoins des populations compromettent durablement les efforts entrepris pour garantir la sécurité alimentaire de ces pays », explique Daniel Blais d'Oxfam en Afrique de l'Ouest. Cette ruée vers les terres agricoles en Afrique s'explique par le besoin de nombreux pays, dont les terres se raréfient, d'accroître leur production de denrées alimentaires hors de leurs frontières. La demande croissante de production d'agrocarburants et la spéculation croissante sur le foncier expliquent aussi en grande partie ce phénomène, qui risque de s'aggraver avec l'accélération du changement climatique et la raréfaction des ressources en eau. Près de trois milliards de personnes vivent déjà dans des régions où la demande en eau dépasse l'offre.

En Ouganda, l'étude d'Oxfam indique qu'au moins 22 500 personnes ont perdu leur toit et leur terre pour faire place à une compagnie forestière britannique, la New Forests Company. Nombre d'expulsés ont confié à Oxfam avoir été délogés de force et s'être retrouvés privés de nourriture et d'argent pour envoyer leurs enfants à l'école. Oxfam appelle la New Forests Company, qui se présente comme une société éthique et respectueuse des normes internationales, à enquêter de toute urgence sur ces plaintes. Oxfam invite les investisseurs, les gouvernements et les organisations internationales à inscrire au rang de leurs priorités, la fin de l'accaparement de terres. Il s'agit de réviser les politiques et réglementations actuelles qui, trop souvent, dans le cadre des négociations foncières avec les investisseurs, ne garantissent pas la consultation et le traitement équitable des populations locales ni le respect des normes internationales applicables.

La volonté des gouvernements de satisfaire les intérêts des investisseurs ne peut se faire au détriment des droits et besoins des communautés locales et exploitations familiales, qui sont en mesure d'assurer la sécurité alimentaire. Les gouvernements doivent reconnaître l'égalité des droits fonciers des femmes et veiller à ce que tous les investissements agricoles bénéficient aux communautés locales dépendant de la terre pour leur survie. Il est urgent également de réparer les préjudices actuellement causés par ce phénomène, notamment dans l'affaire des investissements internationaux en Ouganda, mais également en Afrique de l'Ouest.

Afin de freiner la ruée vers les terres agricoles due à la demande d'agrocarburants, il convient d'abandonner les mesures incitatives comportant des effets pervers, telles que l'objectif de l'Union européenne de parvenir à 10 % d'énergies renouvelables dans le secteur du transport d'ici à 2020. En attendant, le Comité de la sécurité alimentaire (CSA) mondiale de l'ONU pourrait franchir un premier pas important à l'occasion de sa réunion prévue le mois prochain à Rome, en adoptant des lignes directrices crédibles sur les régimes fonciers en faveur des plus pauvres et des femmes.

« Cette main basse sur les terres compromet encore davantage le développement de nos populations. Une action mondiale s'impose de toute urgence afin d'éviter que les populations locales aux ressources relativement modestes ne perdent tout au profit d'une poignée d'autres et afin de garantir un avenir où chacun pourra manger à sa faim », estime Jeremy Hobbs, directeur exécutif d'Oxfam International.


Source: Oxfam

http://www.afriquejet.com/terres-agricoles-la-ruee-sur-les-terres-agricoles-accroit-la-pauvrete-2011092323105.html 

The Times: Ruée des multinationales sur les terres agricoles en Afrique

Les terres arables en Afrique attisent l'appétit des firmes internationales qui cherchent à tirer le maximum de profit de l'envolée des cours des produits alimentaires sur les marchés internationaux, écrit, mercredi, le quotidien britannique The Times.
Plusieurs millions d'hectares de terres agricoles, notamment dans des pays d'Afrique sub-saharienne, ont été vendus ou loués à des entreprises, en particulier indiennes, chinoises et du Golfe dans l'objectif de lancer des projets agricoles qui vont exploiter la demande grandissante en produits alimentaires.
Un total de 5,8 millions d'hectares ont été loués ou vendus dans des pays comme le Sud-Soudan, le Mozambique, le Libéria et l'Ethiopie, dans un contexte international de hausse des prix des produits alimentaires, indique le Times, qui se réfère à un rapport de la Banque mondiale.
Le taux d'expansion des terres arables dans le monde a augmenté de plus de dix fois pour s'établir à 45 millions d'hectares en 2009, dont 70 pc des nouvelles terres en Afrique sub-saharienne, indique le rapport.
Du coup, les gains des investisseurs agricoles ont crû considérablement, suscitant une concurrence acharnée entre les sociétés privées et publiques, les banques et les commerçants, désireux de se tailler une part des bénéfices de ce créneau prometteur.
Le journal britannique relève, par ailleurs, que l'engouement des firmes étrangères pour les terres africaines suscite les craintes des défenseurs des droits des populations indigènes qui craignent une forme de "néocolonialisme".
Certains gouvernements vendent et louent des centaines de milliers d'hectares prétendument inhabités avant d'expulser de force les populations, généralement des petits agriculteurs, afin de libérer les terres pour l'usage de grandes plantations, s'insurgent les activistes.
Selon le quotidien britannique, les accords de vente par le gouvernement du Sud-Soudan "ont été pointés du doigt pour manque de transparence", alors qu'en Ethiopie les défenseurs des droits de l'homme et des droits des populations indigènes déplorent "une expulsion forcée" des populations.
Karuturi, l'une des grandes entreprises indiennes investissant en Ethiopie, et qui aspire à acquérir près d'un million d'hectares en Afrique subsaharienne, a rejeté ces accusations.
Le patron du groupe, Sai Ramakrishna Karuturi, a indiqué dans un entretien au Times que sa compagnie s'active à cultiver les terres inexploitées en Afrique afin de "contribuer à la croissance économique et à la garantie de la sécurité alimentaire dans ces pays" dont la facture annuelle des produits alimentaires des pays de l'Afrique s'élève à neuf milliards de dollars.
A noter que l'Inde se positionne en fer de lance de ce vaste effort avec plus de 80 compagnies investissant quelque 2,4 milliards de dollars dans le secteur.
MAP

Source: http://www.aufaitmaroc.com/monde/afrique/2011/9/28/the-times-ruee-des-multinationales-sur-les-terres-agricoles-en-afrique

Monsanto: acquisition de la start-up Beeologics


Monsanto a annoncé mercredi l'acquisition de la start-up israélienne Beeologics, spécialisée dans la recherche sur la pollinisation des abeilles.
Les termes de l'accord n'ont pas été rendus publics.
On trouve notamment, parmi les projets sur lesquels Beeologics planche à l'heure actuelle, un produit expérimental protégeant la santé des abeilles.
'Les deux groupes s'attendent à ce que la mise en commun de leurs recherches fournisse aux agriculteurs de nouvelles approches concernant les difficultés auxquelles ils doivent faire face', explique Monsanto dans un communiqué.
La communauté scientifique s'inquiète depuis plusieurs années du syndrome d'effondrement des colonies d'abeilles, un phénomène qui met en péril le secteur agroalimentaire en ralentissant considérablement le processus de pollinisation.
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Les 60 faucheurs d'OGM de Colmar assument leur "désobéissance civile"

Plus de 200 personnes, venues pour certaines en car d'autres régions, ont accompagné les militants jusqu'au tribunal correctionnel. "Non aux OGM: ni dans nos champs, ni dans nos assiettes, ni dans nos verres. Pour le bien commun, je résiste", pouvait-on lire sur l'une de leurs banderoles. ( © AFP Frederick Florin)
COLMAR (AFP) - Les 60 faucheurs de plants de vignes transgéniques, dont le procès s'est ouvert mercredi à Colmar, ont revendiqué un acte de "désobéissance civile", profitant de l'occasion pour porter le débat sur les OGM au-delà du tribunal avec leur large comité de soutien.
Les plus de 200 personnes qui ont accompagné les prévenus jusqu'au tribunal correctionnel, n'ont pu toutes prendre place dans la salle d'audience. "Non aux OGM: ni dans nos champs, ni dans nos assiettes, ni dans nos verres. Pour le bien commun, je résiste", pouvait-on lire sur l'une de leurs banderoles.
Cette première des trois journées du procès a été consacrée à l'audition des prévenus, poursuivis pour "destruction de parcelle de culture d'OGM" et "violation de domicile".
Le 15 août 2010, les faucheurs avaient détruit plusieurs dizaines de pieds de vignes OGM, plantés dans le cadre d'une expérimentation en plein air de l'Institut national de la recherche agronomique (Inra), à Colmar. Il s'agissait pour l'Inra de tester la résistance de porte-greffes de vignes génétiquement modifiés à une maladie virale de la vigne, le court-noué.
Tous reconnaissent les faits, revendiquant leur droit à la "désobéissance civile": "Je ne regrette pas mon geste", "je recommencerai", "j'ai fauché hier, je faucherai demain", ont affirmé les prévenus, aux profils hétéroclites (étudiants, agriculteurs, médecins, ingénieurs...). "Certains disent qu'on a transgressé les lois, mais les lois peuvent changer", a fait valoir Jean-Pierre Frick, un vigneron alsacien.
Pour leur porte-parole, Etienne Raphaël, l'expérimentation "était un alibi pour rendre les OGM acceptables", alors que l'Inra met en avant la concertation organisée autour de cet essai sans visée commerciale et au financement public.
Les avocats de la défense ont déjà évoqué mercredi l'une de leurs principales cartes: au moment du fauchage, l'interdiction de l'essai prononcée par le tribunal administratif de Strasbourg en 2009 était applicable.
Mais selon le ministère public, l'interdiction faisait alors l'objet d'un recours. En janvier 2011, la Cour d'appel de Nancy a finalement contredit le tribunal administratif.
"Ne peut-on pas dire sans détruire?", a demandé aux prévenus la présidente, Martine al-Kanje. "Par le biais de la justice et des médias, on peut enfin avoir le débat", s'est justifié Laurent Cousot, 50 ans, gestionnaire de pressing.
Forts de leur comité de soutien, les faucheurs ont tenté d'élargir le débat avec des conférences et projections de films programmées jusqu'à vendredi à Colmar.
L'Inra, partie civile, devrait demander plusieurs centaines de milliers d'euros de dommages et intérêts. "Mais on est prêt à avoir le débat dehors aussi, pour répondre à cette désinformation" des faucheurs, a dit à l'AFP son porte-parole, Jean-François Launay.
Ils "ont agi de façon injustifiable au regard de la liberté de la recherche, de la justice, mais aussi de la cause qu'ils servent", a souligné l'institut dans un communiqué, expliquant que l'essai allait "révéler que le recours à des porte-greffes OGM ne permettait pas aux vignes de résister à la maladie du court-noué".
Les témoins des deux parties devraient être entendus à partir de jeudi matin.
Avant l'action "coup de poing" d'août 2010, les ceps expérimentaux de Colmar avaient déjà été attaqués en 2009 par un anti-OGM, Pierre Azelvandre. Il a écopé en janvier en appel d'un mois de prison avec sursis et plus de 50.000 euros de dommages et intérêts à verser à l'Inra.
© 2011 AFP

mercredi 28 septembre 2011

L'UFC-Que Choisir alerte sur les risques des dérivés pétroliers dans les emballages alimentaires


L'association de consommateurs UFC-Que Choisir réclame une réglementation pour contrôler l'utilisation des dérivés pétroliers dans les encres alimentaires et les cartons d'emballage. Il a constaté que ces substances passaient dans les aliments.
En mars dernier, une étude suisse révélait le danger que représentait pour la santé l'emballage des paquets de céréales. En effet, au cours d'analyses, des chercheurs du Food safety laboratory de Zurich avaient constaté que les huiles minérales contenues dans les encres alimentaires et les cartons des emballages étaient capables detraverser et de se diffuser dans les aliments, aboutissant à des taux bien supérieurs à la limite recommandée. Si cette découverte avait donc inquiété bon nombre de consommateurs, elle a également attiré l'attention de l'association UFC-Que Choisir qui a décidé d'en savoir plus en réalisant ses propres analyses.
Ainsi, elle a testé 20 produits alimentaires vendus en France tels que les pâtes alimentaires, le riz ou encore le sucre en poudre, afin de vérifier si les substances chimiques présentes dans les encres et emballages en carton étaient susceptibles de se retrouver dans les aliments qu'ils contiennent, a expliqué l'UFC-Que Choisir dans un communiqué cité par l'AFP. Au final, les experts ont alors confirmé le phénomène : les dérivés pétroliers, présents dans les encres d'emballage et le carton, se retrouvent bien dans les aliments.
Sur les 20 produits testés, 14 contenaient des niveaux préoccupants d'huiles minérales provenant de ces encres. Pour deux des produits, les taux relevés dépassaient même considérablement la dose limite internationale. Alors qu'aucune étude portant sur la toxicité éventuelle des huiles minérales saturées pour l'homme n'existe encore, l'UFC-Que Choisir souligne que des tests ont bien été réalisés chez des animaux et ont abouti à des résultats préoccupants.
Une réglementation pour interdire les dérivés pétroliers ?
"Les huiles minérales saturées retrouvées dans 75% des produits testés peuvent provoquer sur l'animal des dommages au foie, au coeur et aux ganglions lymphatiques. Quant aux huiles aromatiques, elles appartiennent à la famille des hydrocarbures aromatiques polycycliques dont certains sont classés cancérogènes", fait-elle valoir dans son communiqué.
En conséquence, l'association réclame que soit mise en place une réglementation pour protéger la santé des consommateurs et appelle les pouvoirs publics français et européens à définir sans attendre une législation garantissant l'absence de dérivés pétroliers dans les aliments. En attendant, elle demande aux professionnels d'utiliser dès maintenant, en application du principe de précaution, des encres végétales ou à faible migration, comme le recommande elle-même l'association des fabricants d'emballages en carton.

mardi 27 septembre 2011

La nouvelle richesse : les terres, les céréales, l'éthanol

Voyons la question à l'échelle mondiale.

Dans une université à São Paulo, un professeur d´économie déclara à ses étudiants médusés que l´agriculture était la profession de l´avenir. A-t-il raison ? En France, on le sait, les agriculteurs ont du mal à survivre en raison des coûts trop élevés, d'où l'incapacité de compétrir avec les importations. La solution : les subsides.
D´un autre côté, le Brésil qui exporta 2,9 milliards de dollars de céréales en 1992 en exporta plus de 17 milliards en 2010 ! La raison est simple. Le Brésil est un pays immense (8 547 000 km◊) et qui a encore plus de 100 millions d´hectares de terres cultivables non utilisées.
En plus, le Brésil bénéficie d´un marché "bullish" et de prix jamais vus. Au Brésil, les agriculteurs gagnent énormément d´argent. Ce sont d´ailleurs les exportations de céréales qui permettent au Brésil d´avoir un "supéravit" dans leur balance commerciale, de l´ordre de 20 milliards de dollars tous les ans.
En plus, des pays africains offrent des terres à vendre soit en location à des prix minimes. Les Brésiliens sont preneurs. Et la France ?  La France, je le rappelle a 83 000 km◊ de terres cultivables en Guyane, dont elle ne fait rien.
On me rétorquera évidemment que la France est un petit pays sans grandes surfaces. C´est un fait. Mais qu'est-ce qui empêche les agriculteurs français d´acheter des terres au Congo ou au Mozambique ou tout simplement de défricher une partie de la Guyane et d'y planter du soja. On me dira probablement aussi que les grands propriétaires assimileront vite les petits.
Erreur !Je connais personnellement des coopératives au Brésil qui vont fort bien et ceci depuis les années 60. Elles ont été dans la majorité créées par des descendants d´Allemands ou de Japonais. La formule de la coopérative n´est pas neuve et elle est efficace. Administration unique, commercialisation centralisée, stockage idem.
Les gens travaillent dur et ne connaissent pas nécessairement encore... le luxe, mais les comptes en banque des coopératives sont élevés. En plus, elles n´ont aucune difficulté à trouver des financements pour l´époque de la plantation et même pour l´entre récolte. Ceci leur permet de stocker et de ne vendre que lorsque les conditions du marché leur conviennent.Personne au Brésil n´est "esclave" des grands traders comme Dreyfuss, Bunge, Cargill ou Continental Grain.
La terre est certainement donc la grande "nouvelle richesse". Or, il convient de se rappeler que nous sommes actuellement 7 milliards d´êtres humains et que selon les prévisions nous serons 8 milliards dans 20 ans et 10,5 milliards entre les années 2045 et 2050. Donc, la demande est là et ne risque pas de tomber. Le risque dans l´agriculture est de ne pas avoir une bonne récolte ! Le risque de ne pas trouver acheteur n´existe pas.
Unique inconvénient : il y a énormément de spéculation sur les "commodities". Pour les grands traders qui "hedgent",ceci n´est pas un problème majeur, mais il peut l´être pour un agriculteur qui sera obligé de jouer le marché.
De toute façon, si nous pensons au soja et à ses dérivés, au maïs et à la canne à sucre d´où on retire l´éthanol, on conclut facilement que "the sky is the limit" pour qui veut planter. D´accord, c´est l´évidence, il faut des terres et les pays européens seraient sages d´en acheter tant qu´il y en a à vendre.

lundi 26 septembre 2011

Conspiration alimentaire

1 milliard de personnes souffrent de sous-nutrition dans le monde à cause de la spéculation sur les aliments de première nécessité. Combien demain ? Pendant ce temps, l’oligarchie prévoyante verrouille ses réserves alimentaires.

La croissance de la population fait peur aux plus nantis
Quand les maîtres du monde veulent faire dans l’écologie urgentiste et jouer les survivalistes, ils y mettent le prix. Sur l'île du Spitzberg, dans l'archipel du Svalbard, à 1.000 kilomètres du pôle Nord, un coffre-fort abrite plus de 600.000 variétés de graines et de semences. À terme, 4,5 millions d'échantillons pourraient être entreposés dans cette arche de Noé du troisième millénaire, vrai méga grenier de nos agro et écosystèmes en silos bunkérisés. Sans compter les graines sauvages, on évalue à 1,5 million les variétés différentes de graines de culture agricole existant de par le monde. Les premières semences sont parties du port de Lagos (Nigeria) : 7 000 variétés de niébé, maïs, soja et pois de terre, soit 330 kilos répartis dans 21 caisses, qui sont les premières stockées dans le blockhaus au jour de l'inauguration du 26 février 2008.
Le Svalbard Global Seed Vault (littéralement Chambre forte mondiale de graines du Svalbard), est financé par diverses fondations dont celles de Bill et Melinda Gates, de Rockefeller et du semencier transnational Syngenta. Divers pays capitalistes ont complété la mise.
Cette parodie du hamster, revue et corrigée à hauteur d’une pathétique bunkérisation humaine, est constituée en l’hypothèse tangible d’une crise alimentaire. Le projet date déjà de 1980 et la FAO l’intégra en 2001 dans le cadre du traité international sur les ressources phytogénétiques pour l’alimentation et l’agriculture. Cette formidable banque mondiale de graines congelées transmettra donc la diversité agricole aux survivants élus des décennies à venir. Faudra-t-il encore qu’ils disposent de terres fertiles et du savoir-faire paysan ! Sous couvert de parer à une crise mondiale, une telle initiative est honteusement élitiste et à l’usage des seuls futurs rescapés les plus riches et qui, dès maintenant, rêvent idéalement de reconstruire un monde au-delà d’un effondrement dont ils auront été les premiers artisans. Si du bon peuple émergent des miraculés de l’an 2100, ils n’auront même pas droit à de mauvaises graines ensilées par Monsanto. N’est pas poulet de grain qui veut.
Le Svalbard Global Seed Vault :


Pendant que les simplets se reproduisent… : http://www.letransmuteur.net/l-arche-de-noe-vegetale-en-arctique/

Une catastrophe alimentaire menace l'Europe

Un des fondements de l'Europe, c'est la solidarité entre ses membres. La valse des milliards nous donne le tournis quand il s'agit des États en faillite et des banques à découvert. Mais quand la machine s'emballe pour corriger le plan de table des plus pauvres d'entre nous, le parfum du scandale de la faim donne carrément la nausée. L'Europe se prépare en effet à mettre les pauvres au régime. Une crise humanitaire menace 80 millions de personnes dans le besoin alimentaire dans les 27 pays européens (1).

Pour comprendre ce qui se joue en ce moment, il faut remonter vingt-cinq ans en arrière quand Coluche obtient de taper dans les stocks européens pour les mettre sur la table des Restos du coeur. À l'époque, il coûte moins cher de se débarrasser de la surproduction agricole plutôt que d'entretenir les stocks dont on ne sait que faire. Mais, pour une fois, le cynisme du réalisme a du bon. Peu importe le sac, pourvu qu'on ait du grain. Ainsi naît le Programme européen d'aide aux plus démunis (PEAD). Il pèse aujourd'hui 23 % des approvisionnements des Restos du coeur, 35 % de la distribution des Banques alimentaires et 50 % des rations du Secours populaire. C'est ce programme qui est aujourd'hui condamné à mort.
Pourquoi ? Aujourd'hui, les stocks sont vides. La hausse vertigineuse des prix des matières premières a mis le feu aux greniers. Rajoutez un zeste de spéculation et une bonne dose d'effet pervers des biocarburants et voilà notre belle Europe face à des frigos déserts. Pour tenir le rythme de son aide alimentaire, il lui faudrait acheter la farine et le lait sur les marchés, aux prix de ces marchés où la charité n'est pas une valeur prise en compte dans le calcul des traders. Dans ces conditions, certains pays comme notre voisine l'Allemagne ne sont pas d'accord avec la poursuite de l'aide alimentaire. Avec elle, une poignée d'États ont porté l'affaire devant la Cour de justice qui leur a donné raison et a précisé les conditions de la générosité : écouler les stocks, oui. Mais il n'y en a plus ! Acheter sur le marché, non. Concrètement, l'aide alimentaire serait divisée par cinq en passant de 500 à 113 millions d'euros ! Dès l'an prochain. Et voilà une nouvelle raison de s'indigner ! Quand une loi est mauvaise, il faut changer la loi. Le défi européen est de sauver son honneur en adaptant son programme d'aide alimentaire et en disant que ce n'est pas au plus faible d'entre les siens de payer le prix de la crise. C'est tout l'honneur de l'Europe de montrer que la raison du plus fort n'est pas la meilleure.
Pour l'heure, l'intransigeance tient la corde. Les ministres européens de l'Agriculture n'ont pas trouvé de solution cette semaine et se sont donné un nouveau rendez-vous le 20 octobre. Il faut croire que, d'ici là, la dignité l'aura emporté sur l'égoïsme.
(1) : Source : FAO (organisation des nations unies pour l'agriculture)
Hervé Bertho

vendredi 23 septembre 2011

Victoire des producteurs de lait contre le géant Lactalis

Lactalis réclamait 14.000 euros de dommages et intérêts à la Confédération paysanne de la Loire. Motif ? Un blocage de l’entrée de l’usine de la multinationale laitière, à Andrézieux-Bouthéon (Loire) le 17 août 2009, au plus fort du mouvement de la grève du lait. C’est finalement le géant Lactalis qui devra payer 1.500 euros au syndicat.

Ce jugement est intervenu le 15 septembre au tribunal de grande instance de Saint-Étienne. Si les magistrats ont estimé que le blocage était démontré, ils n’ont pas retenu de faute à l’encontre de la Confédération paysanne, soulignant qu’aucune dégradation ou destruction n’avait été à déplorer. La justice a donc débouté la société Lactalis « de l’ensemble de ses demandes » et « la condamne à payer à la Confédération paysanne de la Loire et à Philippe Marquet (ancien secrétaire général, ndlr) la somme globale de 1.500 euros » au titre des frais de justice.

Selon la Confédération paysanne, cette décision réaffirme le droit syndical à exprimer son mécontentement. Elle intervient au moment de la renégociation des contrats entre le groupe Lactalis et les producteurs de lait. Dans son contrat type (décrypté par Basta ! ici), Lactalis évoque notamment des clauses antigrève entraînant une dépendance totale des agriculteurs. Face à ce qu’elle qualifie de « contrat de servage », la Confédération paysanne, en collaboration avec l’Association des producteurs de lait indépendants (Apli) et la Coordination rurale, a remis en juin un contrat type alternatif au ministre de l’Agriculture. Confiant, Philippe Collin, porte-parole de la Confédération paysanne, estime que« cette victoire judiciaire est une étape pour contraindre les laiteries à payer aux paysans un prix rémunérateur ».  SOPHIE CHAPELLE

mercredi 21 septembre 2011

Assétou Samaké, femme courageuse, dit non aux OGM

« Depuis quelques années, nous assistons à une véritable agression de nos paysans, de nos chercheurs, mais aussi de nos responsables politiques, afin qu’ils ouvrent toute grande la porte de l’Afrique aux OGM (organismes génétiquement modifiés)».


J’ai rencontré dernièrement l’auteur de cette affirmation, une scientifique malienne, Assétou Samaké, biologiste, généticienne et professeur à l’Université de Bamako. Femme pressée, énergique, brillante, elle sillonne l’Afrique de l’Ouest, avec un message clair : pour elle, ainsi que pour les membres de la Coalition pour la protection du patrimoine génétique africain (Copagen), dont elle fait partie, les semences transgéniques que les grandes compagnies agrochimiques comme Monsanto, Syngenta et autres, veulent imposer à l’Afrique, sont une imposture.
Elle évoque ces rencontres organisées aussi bien sur le continent africain qu’aux Etats-Unis, auxquelles sont conviés à grands frais des chefs d’Etat, des ministres de l’Agriculture, ainsi que des responsables de centre de recherche ou des leaders d’associations paysannes, pour leur expliquer que l’agriculture africaine a besoin des OGM et que la recherche agricole, sur le continent, doit aller dans ce sens. « On les invite, on les loge dans les plus grands hôtels, on leur montre de grands champs de coton ou de soja transgéniques, et à leur retour, ils ne jurent que par les OGM », dénonce Assétou Samaké, qui n’hésite pas à parler d’une forme de « corruption idéologique ».
Du coup, me raconte-t-elle, le peu de ressources financières consacrées à la recherche scientifique sur le continent africain est réorienté vers les OGM et les biotechnologies. « Il s’agit-là d’un détournement de ressources, car les besoins des paysans africains qui assurent la majorité de la production alimentaire ne se situent pas là ».
Reste que dans un contexte de grande précarité économique, il est difficile pour un chercheur bien formé, mais privé de crédits, de résister aux fonds colossaux mis à la disposition par Monsanto, Syngenta, mais aussi l’USAID, ou encore l’Alliance pour une révolution verte en Afrique (Agra), pour faire de la recherche sur des variétés de mil, de sorgho ou de maïs transgéniques. « Après la corruption idéologique de nos dirigeants, vient la corruption financière de nos chercheurs », dénonce Assétou Samaké ».
Elle évoque avec un brin de nostalgie la situation qui prévalait dans les années 60-70. Les Etats africains misaient alors sur l’autosuffisance alimentaire et une valorisation des ressources génétiques nationales. « Nous disposions alors de structures de recherches dignes de ce nom, qui avaient été nationalisées après les indépendances », explique-t-elle. La recherche agricole nationale a obtenu des résultats intéressants dans l’amélioration de nos semences locales, adaptées à notre contexte. Puis vint le temps des ajustements structurels du FMI et de la Banque mondiale, avec des coupes importantes dans le budget de la recherche ; et une réorientation des politiques agricoles. « On n’a plus alors parlé d’autosuffisance alimentaire, mais de sécurité alimentaire ; en clair, on nous a dit : « Mangez ce qu’on vous apporte et taisez-vous ! Ne demandez pas d’où viennent les semences, nous nous occupons de tout ».
Pour cette scientifique brillante, le fait que l’Afrique perde de plus en plus le contrôle de ses programmes de recherche scientifique, de ses ressources génétiques, de ses semences, de ses choix même en matière d’alimentation, représente une douleur, une catastrophe. Elle tente d’en savoir le plus possible sur ce qui se concocte dans les laboratoires pour modifier génétiquement les variétés africaines dont les semences devront être rachetées chaque année au prix fort par les paysans. « Nous avons beaucoup de peine à obtenir les informations sur ce qui se trame dans les laboratoires de recherche, regrette-t-elle. Nous devons recouper les témoignages de paysans, de chercheurs. ».
C’est ainsi qu’elle a appris l’existence d’un sorgho génétiquement modifié développé par Syngenta en Suisse, avant d’être expérimenté en Afrique du Sud. Ou encore de niébé, qui fait l’objet d’expérimentations dans des laboratoires au Burkina Faso, pays devenu lui-même un véritable laboratoire pour toutes sortes d’expériences transgéniques, et ce dans l’opacité la plus totale. «Les tests sur les OGM sont cachés dans nos pays, parce que leurs promoteurs savent qu’il y a de la résistance», conclut-elle, bien décidée à tout faire pour accroître cette résistance.
Catherine Morand

OGM : le Pape faucheur involontaire ?

Benoît XVI et José Bové : même combat contre les Organismes Génétiquement Maudits ?
Quand le goupillon de toutes les hontes et la faucille militante s’accordent sur le fait de la désobéissance civile, il faut le souligner !
Vade retro OGM ? Pas si sûr que ça !
Ne voulant, pour le moment, rien entendre quant aux plantes génétiquement modifiées, le Vatican pose problème aux lobbyistes du business agro-alimentaire, convaincus par avance que le Saint-Siège leur serait acquis.
Les choses s’assombrirent pour les groupes semenciers dès octobre 2009, quand devant le Synode des Évêques africains, Benoît XVI critiqua explicitement les OGM et accusa les entreprises multinationales d’être responsables de l’appauvrissement des pays en développement. « La campagne de semences d’Organismes Génétiquement Modifiés, qui prétend assurer la sécurité alimentaire, ne doit pas faire ignorer les vrais problèmes des agriculteurs : le manque de terre arable, d’eau, d’énergie, d’accès au crédit, de formation agricole, de marchés locaux, d’infrastructures routières, etc. Cette technique risque de ruiner les petits exploitants, de supprimer leurs semences traditionnelles et les rend dépendants des sociétés productrices des OGM », déclarait-il alors. Benedictus XVI semble ainsi radicalement favorable au principe de précaution, accréditant implicitement les actions salutaires de désobéissance civile.
L’attitude papale a donc tout pour mettre en colère des gens comme le directeur de la filiale française de Monsanto, qui déclarait dès 2008 qu'« un pays qui laisse une poignée d'obscurantistes saccager sa recherche se prive de toutes les promesses de progrès que celle-ci porte pour le présent et pour l'avenir  », ou la présidente d’un think tank libéral comme l'Institut économique Molinari estimant que les « faucheurs sont dangereux », car ils « menacent le progrès de la science au nom d’une vision conservatrice de l’agriculture ».
Peu avant les véhémentes déclarations papales, l'Académie pontificale des Sciences réunissant une quarantaine d'experts avait trop hâtivement conclu que les plantes transgéniques n'étaient pas intrinsèquement dangereuses, ce qui avait provoqué un regain de lobbying dans les couloirs du Saint-Siège. Il fut précisé plus tard que cette déclaration ne correspondait pas à une position officielle du Saint-Siège ou du magistère de l'Église. À la même époque et de leurs côtés, les évêques officiant en Inde avaient déjà adopté une position très vigoureuse contre les fausses promesses des OGM, notamment en vertu de leurs conséquences catastrophiques sur la vie des petits paysans.
Toute l'Église n’est pas à la pointe du combat contre les savants fous du génie génétique quand il s’agit que de plantes et de brevetage du Vivant. Selon les observateurs, elle hésiterait entre un « oui » si tant est que les OGM puissent contribuer à réduire la faim dans le monde, et un « non » s’il s’agissait de violer les droits des petits paysans. L’Église serait-elle si bienveillante que cela ?
On peut argumenter que la position de l’Église est celle du respect de la vie. Si je ne suis nullement d’accord avec l’essentiel du positionnement de l’Église catholique, notamment en matière de démographie, de procréation humaine et de contraception, le rejet de toute altération de la naturalité du Vivant est une éthique partagée tant avec les adeptes de l’écologie radicale, qu’avec les écologistes en général et la Confédération paysanne.
Mais du point de vue d’une éthique aussi anthropocentriste que celle d’une religion créationniste, manipuler des gènes de maïs, ce n'est pas manipuler des embryons. La condamnation de la fécondation in vitro par le Vatican il y a 20 ans n’induit censément pas, pour ces gens, pareille condamnation des biotechnologies végétales.
Les défenseurs de la cause transgénique de l’Académie pontificale demandent juste qu’« un effort spécial soit fait pour fournir aux pauvres cultivateurs des pays en développement des variétés de plantes génétiquement améliorées adaptées à leurs conditions locales », et que « la recherche pour développer de telles plantes cultivées prête une attention particulière aux besoins locaux et aux variétés locales ainsi qu’à la capacité de chaque pays à adapter ses traditions, son héritage social et ses pratiques administratives pour la réussite de l’introduction de ces plantes génétiquement modifiées ». La chancellerie de l'Académie pontificale pour les Sciences n’est donc pas fermée aux discussions, « pourvu que l'agriculture transgénique ne se transforme pas en activité spéculative » ! Cynisme ou naïveté ? Cynisme parce que l’Académie avait confié l’organisation de ses dernières journées d’études sur les OGM à un nommé Ingo Potrykus, inventeur du riz doré et grand VRP des PGM dans le monde.
La curie vaticane aisément corruptible saura-t-elle convaincre Joseph Alois Ratzinger à la privatisation de la Création divine...ou le Vatican restera-t-il schizophrène sur ce sujet et… jusqu’à un prochain Pape ? L’enjeu est de taille compte tenu de l’autorité du Vatican à l’endroit des nations.