mercredi 21 septembre 2011

OGM : le Pape faucheur involontaire ?

Benoît XVI et José Bové : même combat contre les Organismes Génétiquement Maudits ?
Quand le goupillon de toutes les hontes et la faucille militante s’accordent sur le fait de la désobéissance civile, il faut le souligner !
Vade retro OGM ? Pas si sûr que ça !
Ne voulant, pour le moment, rien entendre quant aux plantes génétiquement modifiées, le Vatican pose problème aux lobbyistes du business agro-alimentaire, convaincus par avance que le Saint-Siège leur serait acquis.
Les choses s’assombrirent pour les groupes semenciers dès octobre 2009, quand devant le Synode des Évêques africains, Benoît XVI critiqua explicitement les OGM et accusa les entreprises multinationales d’être responsables de l’appauvrissement des pays en développement. « La campagne de semences d’Organismes Génétiquement Modifiés, qui prétend assurer la sécurité alimentaire, ne doit pas faire ignorer les vrais problèmes des agriculteurs : le manque de terre arable, d’eau, d’énergie, d’accès au crédit, de formation agricole, de marchés locaux, d’infrastructures routières, etc. Cette technique risque de ruiner les petits exploitants, de supprimer leurs semences traditionnelles et les rend dépendants des sociétés productrices des OGM », déclarait-il alors. Benedictus XVI semble ainsi radicalement favorable au principe de précaution, accréditant implicitement les actions salutaires de désobéissance civile.
L’attitude papale a donc tout pour mettre en colère des gens comme le directeur de la filiale française de Monsanto, qui déclarait dès 2008 qu'« un pays qui laisse une poignée d'obscurantistes saccager sa recherche se prive de toutes les promesses de progrès que celle-ci porte pour le présent et pour l'avenir  », ou la présidente d’un think tank libéral comme l'Institut économique Molinari estimant que les « faucheurs sont dangereux », car ils « menacent le progrès de la science au nom d’une vision conservatrice de l’agriculture ».
Peu avant les véhémentes déclarations papales, l'Académie pontificale des Sciences réunissant une quarantaine d'experts avait trop hâtivement conclu que les plantes transgéniques n'étaient pas intrinsèquement dangereuses, ce qui avait provoqué un regain de lobbying dans les couloirs du Saint-Siège. Il fut précisé plus tard que cette déclaration ne correspondait pas à une position officielle du Saint-Siège ou du magistère de l'Église. À la même époque et de leurs côtés, les évêques officiant en Inde avaient déjà adopté une position très vigoureuse contre les fausses promesses des OGM, notamment en vertu de leurs conséquences catastrophiques sur la vie des petits paysans.
Toute l'Église n’est pas à la pointe du combat contre les savants fous du génie génétique quand il s’agit que de plantes et de brevetage du Vivant. Selon les observateurs, elle hésiterait entre un « oui » si tant est que les OGM puissent contribuer à réduire la faim dans le monde, et un « non » s’il s’agissait de violer les droits des petits paysans. L’Église serait-elle si bienveillante que cela ?
On peut argumenter que la position de l’Église est celle du respect de la vie. Si je ne suis nullement d’accord avec l’essentiel du positionnement de l’Église catholique, notamment en matière de démographie, de procréation humaine et de contraception, le rejet de toute altération de la naturalité du Vivant est une éthique partagée tant avec les adeptes de l’écologie radicale, qu’avec les écologistes en général et la Confédération paysanne.
Mais du point de vue d’une éthique aussi anthropocentriste que celle d’une religion créationniste, manipuler des gènes de maïs, ce n'est pas manipuler des embryons. La condamnation de la fécondation in vitro par le Vatican il y a 20 ans n’induit censément pas, pour ces gens, pareille condamnation des biotechnologies végétales.
Les défenseurs de la cause transgénique de l’Académie pontificale demandent juste qu’« un effort spécial soit fait pour fournir aux pauvres cultivateurs des pays en développement des variétés de plantes génétiquement améliorées adaptées à leurs conditions locales », et que « la recherche pour développer de telles plantes cultivées prête une attention particulière aux besoins locaux et aux variétés locales ainsi qu’à la capacité de chaque pays à adapter ses traditions, son héritage social et ses pratiques administratives pour la réussite de l’introduction de ces plantes génétiquement modifiées ». La chancellerie de l'Académie pontificale pour les Sciences n’est donc pas fermée aux discussions, « pourvu que l'agriculture transgénique ne se transforme pas en activité spéculative » ! Cynisme ou naïveté ? Cynisme parce que l’Académie avait confié l’organisation de ses dernières journées d’études sur les OGM à un nommé Ingo Potrykus, inventeur du riz doré et grand VRP des PGM dans le monde.
La curie vaticane aisément corruptible saura-t-elle convaincre Joseph Alois Ratzinger à la privatisation de la Création divine...ou le Vatican restera-t-il schizophrène sur ce sujet et… jusqu’à un prochain Pape ? L’enjeu est de taille compte tenu de l’autorité du Vatican à l’endroit des nations.