jeudi 29 septembre 2011

Les 60 faucheurs d'OGM de Colmar assument leur "désobéissance civile"

Plus de 200 personnes, venues pour certaines en car d'autres régions, ont accompagné les militants jusqu'au tribunal correctionnel. "Non aux OGM: ni dans nos champs, ni dans nos assiettes, ni dans nos verres. Pour le bien commun, je résiste", pouvait-on lire sur l'une de leurs banderoles. ( © AFP Frederick Florin)
COLMAR (AFP) - Les 60 faucheurs de plants de vignes transgéniques, dont le procès s'est ouvert mercredi à Colmar, ont revendiqué un acte de "désobéissance civile", profitant de l'occasion pour porter le débat sur les OGM au-delà du tribunal avec leur large comité de soutien.
Les plus de 200 personnes qui ont accompagné les prévenus jusqu'au tribunal correctionnel, n'ont pu toutes prendre place dans la salle d'audience. "Non aux OGM: ni dans nos champs, ni dans nos assiettes, ni dans nos verres. Pour le bien commun, je résiste", pouvait-on lire sur l'une de leurs banderoles.
Cette première des trois journées du procès a été consacrée à l'audition des prévenus, poursuivis pour "destruction de parcelle de culture d'OGM" et "violation de domicile".
Le 15 août 2010, les faucheurs avaient détruit plusieurs dizaines de pieds de vignes OGM, plantés dans le cadre d'une expérimentation en plein air de l'Institut national de la recherche agronomique (Inra), à Colmar. Il s'agissait pour l'Inra de tester la résistance de porte-greffes de vignes génétiquement modifiés à une maladie virale de la vigne, le court-noué.
Tous reconnaissent les faits, revendiquant leur droit à la "désobéissance civile": "Je ne regrette pas mon geste", "je recommencerai", "j'ai fauché hier, je faucherai demain", ont affirmé les prévenus, aux profils hétéroclites (étudiants, agriculteurs, médecins, ingénieurs...). "Certains disent qu'on a transgressé les lois, mais les lois peuvent changer", a fait valoir Jean-Pierre Frick, un vigneron alsacien.
Pour leur porte-parole, Etienne Raphaël, l'expérimentation "était un alibi pour rendre les OGM acceptables", alors que l'Inra met en avant la concertation organisée autour de cet essai sans visée commerciale et au financement public.
Les avocats de la défense ont déjà évoqué mercredi l'une de leurs principales cartes: au moment du fauchage, l'interdiction de l'essai prononcée par le tribunal administratif de Strasbourg en 2009 était applicable.
Mais selon le ministère public, l'interdiction faisait alors l'objet d'un recours. En janvier 2011, la Cour d'appel de Nancy a finalement contredit le tribunal administratif.
"Ne peut-on pas dire sans détruire?", a demandé aux prévenus la présidente, Martine al-Kanje. "Par le biais de la justice et des médias, on peut enfin avoir le débat", s'est justifié Laurent Cousot, 50 ans, gestionnaire de pressing.
Forts de leur comité de soutien, les faucheurs ont tenté d'élargir le débat avec des conférences et projections de films programmées jusqu'à vendredi à Colmar.
L'Inra, partie civile, devrait demander plusieurs centaines de milliers d'euros de dommages et intérêts. "Mais on est prêt à avoir le débat dehors aussi, pour répondre à cette désinformation" des faucheurs, a dit à l'AFP son porte-parole, Jean-François Launay.
Ils "ont agi de façon injustifiable au regard de la liberté de la recherche, de la justice, mais aussi de la cause qu'ils servent", a souligné l'institut dans un communiqué, expliquant que l'essai allait "révéler que le recours à des porte-greffes OGM ne permettait pas aux vignes de résister à la maladie du court-noué".
Les témoins des deux parties devraient être entendus à partir de jeudi matin.
Avant l'action "coup de poing" d'août 2010, les ceps expérimentaux de Colmar avaient déjà été attaqués en 2009 par un anti-OGM, Pierre Azelvandre. Il a écopé en janvier en appel d'un mois de prison avec sursis et plus de 50.000 euros de dommages et intérêts à verser à l'Inra.
© 2011 AFP