mardi 6 septembre 2011

Bill Gates et Monsanto à l’assaut des paysans africains


Par Emmanuelle Walter

L’agriculture transgénique pour tirer de la pauvreté les paysans pauvres des pays pauvres, c’est une évidence pour nos amis Bill et Mélinda Gates, dont la Fondation richissime a entrepris de sauver le monde depuis plusieurs années. J’avoue que j’ignorais cette alliance objective entre deux capitalismes totalitaires et débridés, celui de Microsoft et celui de Monsanto (ceux-là même qui fabriquaient l’agent orange pendant la guerre du Vietnam).

J’ai commencé par lire avec intérêt cet article (Terra eco), révélations de Wikileaks sur la colère de la diplomatie américaine, toute dévouée à Monsanto, à propos des résistances françaises aux cultures transgéniques. Et puis je suis allée fouiner sur le site de Bill et Mélinda, ce que je n’avais jamais fait jusqu’alors. Et là, aucun doute : tout en défendant à cor et à cris les "small farmers", frôlant un discours à la Pierre Rabhi (je plaisante), voilà que Bill et Mélinda nous vendent Monsanto. Comme ça, par exemple : "Monsanto, a multinational agricultural biotechnology corporation, is a leader in drought-tolerance technologies and has committed to making these proprietary technologies available royalty-free to small farmers in Africa." Gratos en plus. Trop aimable.

Monsanto est cette énorme firme US qui propose des semences OGM, génétiquement modifiées (=résistantes à plusieurs maladies), et qui enchaîne les agriculteurs en leur vendant des graines ne pouvant être resemées, ce qui les contraint à en acheter l’année suivante. Monsanto, premièrement joue aux apprentis sorciers avec les OGM, deuxièmement surendette et esclavagise les agriculteurs, troisièmement nuit à l’environnement. Pour mémoire, on lira dans un article du Monde Diplomatique une petite note édifiante : "La multinationale a été condamnée pour pollution des sols, des nappes phréatiques et du sang des populations avec les polychlorobiphényles (PCB) aux États-Unis et au Royaume-Uni (Pays de Galles), et pour publicité mensongère quant à la nature soi-disant biodégradable de son désherbant Roundup aux États-Unis et en France (condamnée à New York en 1996 et à Lyon en 2008)."

On se souviendra également de ça, toujours dans le Diplo : "Monsanto est par ailleurs dénoncée pour avoir contribué à ruiner des dizaines de milliers de paysans dans les pays les plus pauvres, comme l’Inde, où le surendettement des semeurs de coton a entraîné des vagues massives de suicide." Sur les méthodes Monsanto, lire aussi cet article édifiant de Rue89.

Bill et Mélinda veulent donc sauver les "small farmers" en faisant d’eux les obligés d’une compagnie prédatrice. Cool.



Source: http://www.altermonde-sans-frontiere.com/spip.php?article17649